Représentant·es de la culture, de la politique et des médias ont pleuré ce printemps la mort de leur « écrivain prolifique », Philippe Sollers, à quatre-vingt-six ans. L’écrivain et éditeur a publié des dizaines de livres, signé des centaines d’articles, lancé des revues et des collections qui ont marqué le monde littéraire français des dernières décennies. Figure centrale de Saint-Germain-des-Prés dès les années 1950, il a côtoyé écrivain·es et intellectuel·les de tous bords, et s’est forgé une image de personnage subversif et de « libre penseur ». Ses écrits, ses ami·es, ses choix éditoriaux et ses prises de parole publiques, jalonnées de rengaines réactionnaires, islamophobes ou antiféministes, témoignent pourtant de l’expression d’une pensée conservatrice des plus classiques : portrait de Sollers en héraut de l’époque « régressive » qu’il se plaisait à dénoncer.