Voici un album de référence, suivant le principe édicté par Siggi Loch le patron du label allemand ACT, avec ce rendez-vous de concerts réguliers au Philarmonic de Berlin. C'est ainsi que le 29 janvier 2017 les deux illustres guitaristes Larry Coryell (acoustique) et Philippe Catherine (électrique) se retrouvaient sur scène. Si nous ne sommes pas surpris par la qualité de leur jeu de guitare, toujours aussi exceptionnel, nous resterons émerveillés par les autres musiciens. Le contrebassiste Lars Danielsson, le pianiste Jan Lundgren et le trompettiste Paolo Fresu, au sommet de leur art, apportent ici un accompagnement particulièrement raffiné et affiné, dans le chemin d'une écriture musicale stellaire, en se plaçant juste au-dessus d'un horizon musical, d'une suite d'inspirations qui sont un pont entre le Jazz Made in USA et le Jazz Européen qui s'enrichissent l'un et l'autre de multiples sources intellectuelles.

Emile Parisien et Roberto Negro sassocient en homage au 1er quatuor à cordes de LigetiAlors encore un jeune compositeur, György Ligeti (1923-2006) a écrit son premier quatuor à cordes, sous-titré Métamorphoses nocturnes, durant les années 1950, sous l'influence nettement perceptible de Béla Bartók. Vouant tous deux une grande admiration à Ligeti, le pianiste Roberto Negro et le saxophoniste Èmile Parisien - qui contribuent activement à la vitalité des musiques improvisées en France - se sont lancé un drôle de défi : adapter ce quatuor à cordes au piano et au saxo ! En résulte Les Métanuits, dont la spontanéité organique n'a d'égale que l'intrépidité oblique. Fidèles à l'esprit iconoclaste de Ligeti, les deux trublions transfigurent la partition originelle sans en altérer la riche gamme expressive - tout au contraire.

La soie, une image de l'Asie et de l'Orient, où les nuances scintillent dans les sables des déserts d'Afrique. Des mélodies ferventes s'envolent sur des rythmes de transe, des instruments chantants traversent les continents sans faiblir dans leur origine. Née d'un papillon, la finesse fait un mariage radieux avec la terre primitive. "Sur mon album "Three Trios" de 1996, j'ai nommé deux pièces "Silk" et "Sand" : La soie, précieuse mais forte, tisse le jeu des musiciens ; le sable du désert hante le rêve d'ailleurs du musicien... 26 ans plus tard, ces titres se perpétuent comme des cailloux posés le long du chemin tracé par les pas de chacun."

En bon musicien de jazz, l'accordéoniste aime se lancer dans des aventures musicales inédites. En bon fan de musique et très bon musicien tout court, il est curieux, gourmand, avide de découvertes et de nouveautés, à écouter ou jouer. Premier album en trio dans sa discographie, avec Ziv Ravitz à la batterie et Federico Casagrande à la guitare, Jokers va encore plus loin, et ailleurs. Le titre Circus of Light reflète une aurore boréale sur les eaux de la Méditerranée, ou envoie Nino Rota dans la voie lactée. River, reprise d'un tube pop de Bishop Briggs, visite les chants de forçats du Sud des Etats-Unis. Copy of A, reprise de Nine Inch Nails dont Peirani est fan, évoque la liesse d'une parade de carnaval extraterrestre. Jusqu'au générique final, émouvante déambulation pensive en Italie, Jokers est garanti sans une seconde d'ennui. Avec ses reprises iconoclastes, son énergie rock, ses ritournelles à l'italienne, sa virtuosité et son goût du risque, ce disque ressemble tout simplement à Vincent Peirani !

Le musicien français d'origine vietnamienne et son groupe revisitent les classiques pop-rock des années 70 (The Beatles, Stevie Wonder, Led Zeppelin, Bob Marley... ) sur des arrangements prodigieux écrits par le guitariste. Ils sont accompagnés par une pléiade d'invités venus des quatre coins du globe : David Linx, Youn Sun Nah, Julia Sarr, Dhafer Youssef, David Binney, Keyvan Chemirani et beaucoup d'autres encore.

Qui l'a déjà vu sur scène sait qu'Eric Schaefer est tellement plus qu'un batteur qui se contente d'accompagner ! Il creuse un sillon unique derrière ses fûts, prend des risques, apporte à la musique des couleurs inouïes. Compositeur de talent, qui s'affranchit des barrières stylistiques, un journaliste l'a un jour prénommé « l'étoile centrale de la scène jazz allemande ». Passionné par ses voyages au Japon, il s'y est établi trois mois afin d'y étudier la philosophie et la religion. Le Pays du Soleil Levant a été aussi pour le musicien une magnifique terre d'exploration et d'inspiration. C'est durant son séjour qu'il compose de nouveaux titres et décide de rentrer à Berlin afin d'enregistrer sans attendre cet album. Il collabore avec de nombreux artistes japonais afin de créer un pont inattendu entre la musique traditionnelle de ce pays envoûtant et la musique occidentale. Une ode à la philosophie de vie japonaise magnifiée en musique !

Peu de musiciens de jazz ont été aussi influents ces dernières années qu'Esbjörn Svensson. Sa disparition tragique et prématurée en 2008 a été un grand choc pour la communauté internationale du jazz ainsi que pour tous les mélomanes. Son héritage est perpétué par de nombreux musiciens comme le prouve aujourd'hui cet album du finlandais Iiro Rantala ; le 1er octobre 2015, le pianiste a réuni en concert à la Philharmonie de Berlin certains anciens proches partenaires d'Esbjörn Svensson pour un hommage sobre et émouvant au regretté compositeur. Viktoria Tolstoy doit beaucoup à Svensson qui a produit son premier album, et Ulf Wakenius a été le premier à rendre hommage en 2008 au pianiste avec l'album Love is real. La section rythmique composée de Lars Danielsson et Morten Lund était proche de l'illustre Suédois. Ainsi, ces "larmes" pour Esbjörn sont tout aussi bien des larmes de tristesse pour la perte irremplaçable que des larmes de joie pour la superbe musique qu'il nous a laissée, superbement célébrée tout au long de cet enregistrement. (Electre) (Electre)

Le musicien suédois s'inscrit aujourd'hui au firmament des guitaristes de jazz, l'un des plus versatiles et ouverts. En France, sa réputation et sa notoriété ont grandi ces dernières années, du fait d'albums très réussis , mais aussi par son rôle d'accompagnateur hors pair auprès de Youn Sun Nah, au disque comme en concert. Dans cet album, il nous envoie de superbes vignettes musicales des quatre coins du globe, de la Bretagne française jusqu'aux chants archaïques des Native Americans, en passant par l'Amérique du Sud , le Moyen-Orient ou l'Asie.

Depuis longtemps, Michael Wollny, désigné Musicien de l'Année 2014 par l'Académie du Jazz, fait preuve d'une sublime imagination et d'une technique irréprochable témoignant d'un métissage unique hérité du jazz, de la musique classique et du rock. Quand il s'attaque à une reprise, il le fait avec une inventivité et une élégance sans faille. Sur son avant-dernier album (Weltentraum), outre deux nouvelles compositions originales, il collecte, réinvente des "chansons" qu'il considère comme ses "normes" et ainsi fait revivre les compositions d'Alban Berg, de Jon Brion, Guillaume de Machaut, Hindemith... C'est principalement cet album que l'on retrouve en DVD, interprété en concert en 2014 à Leverkusen devant un public enthousiaste. Cette performance marque l'arrivé du contrebassiste Christian Weber, qui étonne par la qualité constante de son "drive" et de ses soli inspirés.

Nils Landgren a choisi de rendre hommage à cette figure emblématique du monde musical. Comme Lenny, Mr. Redhorn fait fi des frontières stylistiques et embrasse avec tout son coeur un grand spectre de musiques : jazz, balades, funk, classique. Cet album est certainement la production la plus complexe du Suédois ; elle comprend la participation des 17 membres du Bochum Symphonic Orchestra en complément du Quartet "All Star" de Landgren, ainsi que celle de Vince Mendoza, ici arrangeur, qui a travaillé aux côtés d'Herbie Hancock, Melody Gardot, Joni Mitchell ou encore Robbie Williams.

Ce deuxième album du groupe explore de nouveau les premières amours musicales de Berglund, le rock. Il s'agit d'une suite de chansons sans paroles mais dont la puissance d'évocation se maintient au fil des onze compositions aux ambiances et arrangements variés.

Du post-bop à la proto-pop, le changement de direction opéré depuis quelques années ne fait qu'affirmer l'identité originelle du musicien français. Avant de devenir l'altier saxophoniste que l'on sait, il fut un adolescent branché par le rock anglais. C'est pourquoi, après le rite initiatique que fut Deep in a dream, le breton a assouvi un autre rêve à travers Omry, où il affichait son désir d'Orient mixé aux influences du psychédélisme. Du bal bop au psyché top, Cheerladers poursuit dans le même sens, sans interdit.

La seule constante de la carrière de Nguyên Lê est justement que son parcours évolue toujours. Ce musicien né et vivant à Paris s'est imposé comme une voix majeure en combinant, de manière passionnante et révolutionnaire, une myriade de musiques globales aux accents vietnamiens. Streams continue dans cette tradition en s'associant aux dispositions world de musiciens de grand talent : le batteur percussioniste américain John Hadfield, le bassiste canadien Chris Jennings, et le vibraphoniste français Illya Amar. Chaque titre de l'album explore une écriture captivante et complexe. Mais la mélodie est toujours centrale, et c'est pourquoi les morceaux n'ont pas un son "mathématique". (Electre)

Il est extrêmement rare que des musiciens de jazz allemands jouissent d'une renommée aussi internationale que le pianiste Joachim Kühn. Elevé dans la grande tradition classique en Europe de l'Est, ce pianiste impétueux n'a cessé de pratiquer l'art de la fugue en s'évadant d'abord dans le jazz, puis vers le free jazz et le jazz-rock, avant de revenir à des territoires plus balisés. Melodic Ornette Coleman est un hommage de Joachim Kühn à Ornette Coleman, son partenaire de longue date. Il interprète sur cet album des compositions originales qui, pour la plupart, n'ont jamais été enregistrées auparavant. Un bel hommage du pianiste à une figure emblématique du jazz et une belle façon de célébrer ses 75 printemps en musique ! (Electre)

On se souvient il y a quelques années de la belle rencontre chez ACT entre le guitariste et la chanteuse Huong Thanh. Les albums Dragonfly et Mangustao, fruits de cette rencontre, avaient rencontré un joli succès commercial. Cet enregistrement voit le guitariste partir à la rencontre d'un autre artiste Vietnamien, Ngo Hong Quang. Tous deux ont suivi des chemins différents mais ont le même but : celui d'exprimer et de partager avec le reste du monde l'âme du Vietnam, en mêlant les racines et la musique futuriste locale. Utilisant des instruments traditionnels du Vietnam tout en leur donnant une teinte moderne, le duo a su créer une musique complexe, colorée et pleine d'énergie. Il est difficile de savoir si leurs inspirations viennent du Jazz, de la musique vietnamienne, du blues ou des musiques africaines, tant le résultat semble être une fusion d'elles toutes. (Electre)