Quand on pense au Dream Syndicate, ce n'est pas seulement la sauvagerie avec laquelle le chanteur/guitariste Steve Wynn, le batteur Dennis Duck, le bassiste Mark Walton et le guitariste Jason Victor se produisent - c'est aussi l'écriture soignée de Wynn qui vient immédiatement à l'esprit. Ce qui ressort ici, c'est la connaissance de Dennis Duck de l'avant-garde européenne, la passion de Jason Victor pour le prog des années 70, l'expérience de Mark Walton dans les collectifs de musique sudiste et l'amour de Wynn pour le vintage jazz électrique.

Leyla McCalla (multi-instrumentiste bilingue et ancienne membre du groupe afroaméricain Carolina Chocolate Drops) trouve son inspiration dans son passé et son présent. Qu'il s'agisse de son héritage haïtien ou de sa ville d'adoption, la Nouvelle-Orléans, elle a réussi à produire un son distinctif qui reflète l'union de ses racines et de son expérience. Leyla McCalla a produit une oeuvre multidisciplinaire de musique, de danse et de théâtre, Breaking the Thermometer, qui suit son parcours personnel alors qu'elle découvre l'histoire de Radio Haïti, la première station de radio de l'ïle à diffuser des informations en créole haïtien. Par cette juxtaposition de voix (personnelles et politiques, anecdotiques et journalistiques), McCalla exprime l'esprit durable des pauvres marginalisés d'Haïti face à plusieurs siècles d'oppression politique. Il lui a fallu écouter d'innombrables enregistrements d'archives d'interviews réalisées par les journalistes de Radio Haïti.

Pour enregistrer cet album, l'ermite de l'indie-rock s'est entouré de toutes sortes d'instruments et d'objets pour expérimenter de nouveaux sons et ouvrir de nouvelles possibilités, qui ferait de cet enregistrement la bande son parfaite d'un chef-d'oeuvre cinématographique imaginaire ou d'un voyage élusif. Des harmonies pop bourdonnantes donnent une teinte hypnotique à certaines pistes, et sa voix haut perchée est toujours là pour soutenir des lignes mélodiques parfaites et entêtantes.

Même si Beth s'est éloignée des textures électroniques dominantes dans ses précédents travaux, sa musique repose toujours sur un groove implicite, qu'il provienne d'une guitare acoustique ou d'un séquenceur. On retrouvera ainsi une combinaison de riches arrangements orchestraux avec une section ryhtmique très jazzy, des guitares folk, des pianos music hall et des ballades r&b à fendre le coeur.

Daniel Lanois est l'un des producteurs les plus influents de l'ère moderne : il est celui qui a fait revenir Bob Dylan, il est le collaborateur de longue date de Brian Eno, celui qui a arrangé des morceaux colossaux de U2, ou encore celui qui a produit les derniers albums de Willie Nelson et Emmylou Harris. Mais avant ça, il était un musicien expérimental, jouant de sa guitare avec Eno et John Hassel, inventant ce que l'on appelle aujourd'hui l'ambient. Sa résolution à ne jamais faire du surplace mais rechercher constamment de nouvelles idées et de techniques a marqué à la fois ses collaborations en tant que producteur mais aussi dans son travail solo. Deux ans après le succès de Flesh and machine, Lanois sort cet album sur le label Anti-. Avec l'aide de son ami Rocco Deluca, il l'a construit entièrement à partir de sons de steel guitar avec une rigueur dans la composition qui rappelle les paysages oniriques de Ravel et Debussy. Goodbye to language relie tous les points de sa vaste carrière : ses premières compositions influencées par son enfance, les expérimentations avec Brian Eno qui ont chamboulé le monde de la musique, ses voyages à la recherche d'atmosphères si rares dans les courants musicaux. (Electre)

La légende de la soul poursuit sa collaboration avec Jeff Tweedy, leader de Wilco, sur cet album sur le label Anti. Enregistré à The Loft, le studio de Wilco à Chicago, cet opus nous présente une Mavis Staples plus sombre et tourmentée que sur You are not alone, vainqueur d'un Grammy en 2010. En parfait chef d'orchestre, Tweedy assure presque tous les instruments, sauf la batterie, jouée par son fils de 17 ans.

Alfa Mist est de retour avec 'Variables', son opus le plus complet jusqu'à présent ! Depuis la sortie de son premier projet complet « Nocturne » en 2015, Alfa s'est imposé comme l'une des voix musicales les plus concentrées, les plus demandées et les plus distinctes du Royaume-Uni. Il a travaillé avec des artistes comme Jordan Rakei et Tom Misch. C'est la question du voyage qui sous-tend le cinquième album d'Alfa, « Variables ». Traversant un swing big band luxuriant, des rythmes boom-bap qui font hocher la tête et des mélodies vocales nostalgiques, l'album est expansif, plein d'âme et émouvant, tant dans son corps que dans son esprit. Sur « Variables », Alfa réalise son oeuvre musicale la plus complète et la plus expressive à ce jour, en associant son oreille fine pour les mélodies de piano en boucle, mémorables et émotives, à des grooves intuitifs et à une improvisation jazz fluide. C'est l'équilibre entre le sentiment et le perfectionnisme qui donne à la musique d'Alfa sa profondeur et sa capacité d'écoute répétée. C'est aussi une philosophie qui lui a permis d'adopter une éthique de travail remarquable jusqu'à présent.

Il faut distinguer deux périodes dans l'histoire de The Dream Syndicate. Il y a d'abord eu le groupe qui a existé de 1982 à 1988 et qui a fait quatre albums dont The days of wine and roses. Et puis il y a le groupe actuel qui s'est réuni en 2012. C'est cette formation de The Dream Syndicate qui a sorti How did I find myself here (2017) au succès universel, ce qui n'est pas rien pour un groupe qui se réunit après presque trois décennies. Avec cette réintroduction et une année entière de tournée derrière eux, le groupe a pu prendre la liberté d'évoluer dans de nouvelles directions, de sortir de leur zone de confort. These times ressemble à une émission de radio de fin de soirée que vous avez peut-être entendue quand vous étiez gosse, vous laissant aller à vos rêves et vous demandant le lendemain matin si ce qu'il s'est passé la veille était réel. (Electre)

Ce double cd contient 17 enregistrements captés lors de dix concerts de la tournée. Le second cd, intitulé Tom tales, contient 40 minutes de divagations chimériques qui font la particularité des concerts du musicien.

Avec cet opus, la chanteuse fait entrer de plein fouet le rock britannique dans son univers R&B si particulier.

Elle a été une des plus singulières artistes de ces deux dernières décennies. Son premier album, Trailer park, pionner en synthèse de folk et d'electronica a connu un grand succès critique. Son second, Central reservation, lui a ouvert les portes d'un succès international, et lui a valu le titre de meilleure artiste féminine aux Brit Awards. Né d'un travail de coproduction entre Beth et Andrew Hung (Fuck Buttons) et mixé par David Wrench (Caribou/Hot Chip), Kidsticks nous permet de redécouvrir la voix incroyable de Beth à travers dix titres purs, audacieux et cinétiques. C'est un plaisir de retrouver l'esprit de ses premières expérimentations, époque William Orbit, Andrew Weatherall ou Red Snapper. (Electre)

Wilderness fait suite au premier album de Jade Jackson, Gilded (2017). Ce disque traite des moments difficiles et décisifs auxquels nous devons faire face lorsque nous mûrissons et découvrons qui nous sommes intérieurement, et comment la mélancolie peut être une arme puissante, notamment sous la forme d'une chanson roots-rock ou country. Wilderness, comme Gilded, a été produit par Mike Ness, la légende du punk rock du Sud de la Californie qui a aidé Jade Jackson à affiner son son et sa maîtrise, lui permettant ainsi de sortir de l'ombre. Jackson décrit Ness comme "un maître du toucher et du rythme" et lui attribue le mérite de lui avoir montré comment invoquer davantage ses forces dans son nouvel album, en plus des nombreuses techniques qu'ils ont développés ensemble avec le temps. (Electre)

Après avoir mis un terme dans le calme à l'aventure Grandaddy en 2006, il revient. Il est une des figures emblématiques de l'indie rock américain, connu et reconnu tant pour sa signature musicale que pour sa personnalité attachante. Lyttle trouve l'inspiration dans les grands espaces américains, ceux de la Californie qu'il a quittée et du Montana qu'il a ensuite adopté. Sa musique s'en ressent évidemment, ample et apaisante. A la manière d'un David Pajo (Slint, Tortoise) en solo il maîtrise à la perfection son folk teinté d'électro, toujours dans l'esprit lo-fi. COUP DE COUR 2009 d'Hervé Girard, Bibliothèque de Montgeron (91)