Dans sa maison de l'île de Groix, Jason ouvre chaque jour ses fenêtres sur la rive où la très jeune Arthure fut retrouvée un jour nue et noyée. C'était en 2012, dans une France livrée à l'ordre moral : les milices chargées de combattre l'impudicité faisaient la loi jusque chez les gens. Un visiteur annonce à Jason que lui aussi cherche à savoir ce qui s'est vraiment passé cet été-là. ©Electre 2023

Un jeune homme pauvre mais obstiné taille besognement sa route à travers la société (nous sommes à la fin du XVIIIè siècle), convaincu que le bien finit toujours par être récompensé. Ayant découvert que le meilleur des hommes - ou supposé tel - peut commettre un crime et faire condamner des innocents à sa place, il se lance la rage au cœur dans une longue enquête, prêt à tout pour démasquer le coupable. Mais les bien-pensants veillent : une main invisible soulèvera contre lui mille persécutions et sa vie dès lors n'est plus qu'une affolante course-poursuite - emprisonnement arbitraire, évasion, pièges et contre pièges... jusqu'à l'étonnante issue, qu'il serait criminel de dévoiler ici. Godwin (qui fut en son temps l'initiateur de l'anarchisme) avait imaginé son roman comme un brûlot destiné à faire sauter la société tout entière, rien de moins. S'il n'y a pas tout à fait réussi, il n'en a pas moins posé, le premier, cette série de lancinantes questions qui ne cessera de hanter la littérature romanesque - et le cinéma ensuite - jusqu'à nous : qu'est-ce que le mal, qu'est-ce que l'innocence, et la vérité la plus nue n'est-elle pas aussi une manière de mensonge ? Jean-Paul Sartre et Alfred Hitchcock, un grand siècle après lui, tenteront encore d'apporter à cela quelques réponses - elles-mêmes en forme de questions.

Une profonde amitié liait Malraux et l'auteur de l'ouvrage depuis la guerre d'Espagne et ce, malgré leurs différends. Après une introduction illustrée où Nothomb raconte l'histoire de l'escadrille Espana au temps de la guerre civile, analysant ses réussites et ses échecs, une soixantaine de documents photographiques, presque tous inédits, évoquent cet épisode de l'Histoire.

Né en 1946, Robert Irwin a enseigné l’Histoire de l’Islam dans différentes universités. Ses fictions (Remue-ménage, Solin, 1989) sont autant de machines infernales destinées à égarer les esprits cartésiens qui ont la naïveté de vouloir démêler en toutes choses la réalité et l’illusion. Nocturne oriental (1983), son livre le plus célèbre, a enthousiasmé la critique des deux côtés de l’Atlantique. « Robert Irwin écrit superbement et sa virtuosité prend tous les risques. Plus que tout, cependant, me frappe son irréductible singularité. Son art, bien qu’usant de la prose la plus stricte, condensé d’élégance et de simplicité, déjoue toutes les définitions. On pourrait dire que l’on retrouve ici une trame qui combine l’écheveau des Mille et Une Nuits, et celui du Nom de la Rose ; mais Robert Irwin y ajoute sa propre magie, tissée d’angoisse et de mystère. » Ruth Rendell