Nommé en 1993 par Edouard Balladur à la tête de la première entreprise française, pour la privatiser et pour couper les réseaux de financement de ses adversaires, Philippe Jaffré est aujourd'hui dans une position difficile...

C'était le secret le mieux gardé du dossier à l'instruction dans le cabinet d'Eva Joly. Selon des sources concordantes, des témoins ont affirmé au juge qu'Elf avait financé, en 1994, la campagne de Helmut Kohl à l'occasion du rachat de la raffinerie de Leuna, en ex-Allemagne de l'Est...

C'était vendredi dernier dans le bureau du juge Eva Joly. Les révélations d'André Guelfi, détenu pour recel d'abus de biens sociaux, ont brusquement transformé l'affaire Le Floch en affaire d'Etat...

Les soutiens à Maurice Bidermann, les "libéralités" accordées à une ancienne épouse, les billets d'avion, les appartements... Tout cela a pesé dans la décision du juge Eva Joly de faire incarcérer l'ancien président d'Elf, aujourd'hui à la tête de la SNCF...

Un PDG corrompu, justement dénoncé par son successeur et confondu par un juge impartial ? Tout n'est pas si simple : la durée et les conditions dures de détention infligées à l'ancien patron de Rhône-Poulenc, d'Elf, de GDF, enfin de la SNCF commencent à susciter une certaine gêne, y compris dans les milieux judiciaires...

Philippe Jaffré a toujours voulu être le premier de la classe. Pari gagné : voilà ce proche d'Edouard Balladur à la tête de la plus puissante entreprise française. A l'heure de sa privatisation.

Retour au tribunal et pendant deux mois de la plus incroyable affaire de corruption des années 1990. En l'absence de Loïk Le Floch, l'ancien patron de la compagnie pétrolière.

Après la démission attendue du président du Conseil constitutionnel, c'est à l'ex-numéro deux d'Elf que devront s'attaquer Mmes Joly et Vichnievsky.

Depuis cinq ans qu'elle est à l'instruction, l'affaire Elf a entraîné la mise en examen de près d'une centaine de personnes, provoqué la démission du patron de la SNCF, du président du Conseil constitutionnel, et éclaboussé l'ancien ministre des Finances Dominique Strauss-Kahn.

Comment Roland Dumas, qui a partagé sa vie pendant des années, a-t-il pu ignorer l'origine de ses émoluments fastueux ?