« Retour du passé refoulé », « guerre des mémoires », « concurrence des victimes », depuis la fin des années 1990, les enjeux de mémoire collective sont au coeur du débat public, en particulier concernant la place occupée par les immigré·e·s dans le roman national.

Déboulonnages de statues ou graffitis sur des monuments, commémorations du 80e anniversaire de la Libération, journées du 11 novembre, du 8 mai, de la mémoire des génocides et de la prévention des crimes contre l'humanité le 27 janvier, de la fin de la guerre d'Algérie le 19 mars, ou des mémoires de l'esclavage le 10 mai, notre quotidien est rythmé par des actualités qui concernent différents passés. Comme si la mémoire était devenue un cadre structurant de notre vie sociale.

En juin, à Bristol, des manifestants antiracistes jetaient une statue de l'esclavagiste Edward Colston à l'eau et ouvraient le débat : doit-on déboulonner les monuments à l'effigie de personnes dont on ne veut plus ? Ou censurer le passé, fut-il criminel, est-il une erreur ? En attendant la réponse, la "guerre des statues" est en tout cas devenue le dernier point de friction d'une nation, l' Angleterre, qui n'en finit plus de se déchirer.

Depuis la Révolution, les Archives nationales conservent tous les documents publics : c'est une manière de préserver le passé et de garantir aux historiens du futur la possibilité de l'écrire. Mais il y a toujours des angles morts. C'est le cas notamment des archives concernant des minorités, comme celles de la communauté LGBTQI de France. Laquelle s'organise donc de son côté.

En ce mois d'avril 2024, le Rwanda commémore les 30 ans du génocide de sa population tutsie par les partisans du pouvoir extrémiste hutu, qui fit de 800 000 à un million de morts. Depuis, le pays a entrepris un long processus de réconciliation. Mais comment la jeunesse actuelle, qui n'a pas connu cette période, vit-elle avec le poids du passé ? décryptage par Assumpta Mugiraneza, psychologue et historienne, qui travaille auprès des jeunes Rwandais.

Comment la révolte du roi de Juda, écrasée par les Assyriens au VIIIe siècle avant notre ère, a-t-elle pu être transformée en victoire, au point d’être encore célébrée par Rubens ou par Byron ? Enquête sur une manipulation mémorielle.

Durant la guerre d'Algérie, les supplétifs de l'armée française ont été sacrifiés aux yeux de leurs enfants. Un an après la loi ouvrant la voie à des indemnisations, et malgré la demande de pardon d'Emmanuel Macron, ils ne peuvent cacher leur déception.

Deux cent trente ans après le Comité de Salut public et la guillotine, 1793, l'année terrible de la Révolution française est un passé qui ne passe pas. Retour sur une page très discutée de notre histoire et interprétée, depuis, par les idéologies réactionnaire, républicaine et révolutionnaire. Laurent Jolfrin-Alexis Corbiere : "La Révolution française n'est pas terminée". La guillotine superstar.

Effets personnels, objets fabriqués par les détenus à partir de matériaux récupérés, vaisselle, rations, éléments d’infrastructures... : la nouvelle exposition du Laténium présente quelque 650 pièces issues principalement de fouilles menées dans des camps de la Seconde Guerre mondiale en France, Pologne et Allemagne, mais aussi de fonds d’archives, afin d’aborder la question de l’enfermement et de sa mémoire. Décryptage avec Géraldine Delley, directrice adjointe du musée et commissaire d’une exposition aussi glaçante qu’émouvante.

Après les massacres du 7 Octobre sont apparus sur les sites attaqués, partout en Israël, des textes, des photos... Des mémoriaux spontanés. Un an après, la question de leur avenir se pose.

Peu de lieux de mémoire existent dans le pays. Et ce village, situé à une centaine de kilomètres au nord d'Abidjan, est le seul officiellement reconnu.

Il y a 230 ans, le monument accueillait son premier hôte. Le choix des "grands hommes" reste un exercice politique.