Marcel Schneider est né en 1913, cette mystérieuse année qui vit les publications magiques qui marquèrent leur siècle : Le Grand Meaulnes, Alcools, A. O. Barnabooth, Jean Barois, Du côté de chez Swann, Les Copains... Beau cru pour la littérature. Sur scène, Stravinski créait le Sacre du Printemps. Y aurait-il eu des ondes ou des anges qui se réunirent en faisceau pour une durée d'un an ? Les années passant, Marcel Schneider a croisé énormément de monde, a gardé une mémoire hors du commun, comme si chaque rencontre ou chaque lecture se gravait en lui. Il est sorti de ce monde pour se forger un univers à lui, le Tramonde où il puise ses histoires, ses romans, ses récits... Professeur, pédagogue infatigable, critique musical pour Combat puis Le Point, il a publié une trentaine de romans, essais, mémoires, recueils... " Le dernier amateur ", écrivit de lui François Nourissier, au sens où Marcel Schneider ne choisit ses sujets que par amour pour eux, par plaisir de les poursuivre, par cette exquise gourmandise de la langue. On est loin du temps des bilans, mais comme s'ils ne pouvaient s'empêcher de le décrire ou de donner des clés d'une œuvre attachante, des auteurs (Jean Dutourd, Manuel Carcassonne, Georges-Olivier Châteaureynaud, Benoît Duteurtre, Christine Jordis, Solange Fasquelle, Diane de Margerie, Max Genève, Christophe Mory entre autres) sont ici réunis pour décrire les multiples facettes d'un écrivain qu'on ne peut ignorer.

L'auteur raconte ce qu'il doit à l'opéra, au ballet, aux séductions de la mondanité... Voici, de 1950 à 1970, le portrait d'une époque par un intellectuel passionné, avide de la vie vécue comme un art. Le livre, de surcroît abonde en confidences, en révélations...

Mémoires des années 1940-1955. La résistance à la guerre, à l'Occupation, sera de rêve et de musique, dans "l'oeuf magique de la littérature". L'écrivain y mène sa "réforme intérieure", fuyant les doctrines pour "habiter au plus profond de soi sur une île ou sur une étoile".

L'auteur brosse des portraits en une galerie qui assemble M. Yourcenar, A. Fraigneau, M. Jouhandeau, A. Dumézil. Outre les portraits, l'avide lecteur retiendra l'éloge de la mondanité, la définition d'un art de vivre et une somptueuse célébration de l'imaginaire

La mort déchirante de sa mère lorsqu'il a huit ans, la passion des rêves et des mythologies, les années d'enseignement au lycée de Rouen, les rencontres avec Gide, Dumézil, Ernst Jünger... Les mémoires d'un écrivain qui, disait Mauriac, "vit sur une étoile". Prix Maurice-Genevoix 1990.