Face à l'afflux de migrants demandeurs d'asile (déjà +15% de janvier à juin 2015), l'Europe se divise et renforce ses contrôles aux frontières. Jusqu'à ériger des clôtures qui vont à l'encontre de la libre circulation des hommes au sein de l'espace Schengen, constitué en 1995...

Contrôles rétablis entre les pays, clôtures, peuples à nouveau séparés... La crise migratoire est en train de mettre fin à cette expérience unique d'un monde sans frontières. Voyage dans une Europe en pleine désintégration.

Reportée au dernier moment, l'inauguration d'un second centre de rétention au Mesnil-Amelot, à la limite de l'aéroport de Roissy, illustre le développement continu de la machine à expulser en France. Pourtant, le contrôle des migrants fait de plus en plus l'objet de tractations avec les pays voisins de l'Union européenne, déplaçant la surveillance des frontières vers le sud et l'est. Au risque de voir flamber le nombre de victimes.

Entre 2007 et 2013, les institutions européennes auront accordé 2,27 milliards d'euros de fonds structurels pour moderniser les marges orientales de la Pologne. Grâce à cette manne, ces régions ont pu entamer leur mue. Mais, coupées de leurs voisins de l'est par le mur de Schengen, elles restent à la traîne du ″miracle économique″ national.

L'intégration de pays de l'Est à l'Union européenne, en 2004, et la gommage progressif des barrières frontalières devaient atténuer la résurgence des identités nationales observée au début des années 1990. Pourtant, en Hongrie et en Slovaquie, comme de l'autre côté de la ″muraille Schengen″, en Ukraine, les populations restent prisonnières de stratégies politiques qui instrumentalisent les questions identitaires.

L'Union européenne a annoncé le 15 décembre dernier la création d'un nouveau corps de police chargé de surveiller les frontières extérieures du continent. Un pas de plus dans une fuite en avant sécuritaire qui ne résoudra pas la crise des migrants.

Voici plus de 40 ans étaient signés les accords de Schengen qui entendaient instaurer la libre circulation au sein de l'espace européen qui, d'entrée de jeu, aurait dû s'accompagner d'une politique commune vis-à-vis des étrangers souhaitant s'installer en Europe. Si quelques progrès ont été accomplis en ce sens, l'Europe est loin de constituer une terre d'accueil exemplaire, y compris en raison des dissidences entre ses Etats membres. L'appel lancé par plusieurs think-tanks européens, publié par "Notre Europe" le 18 mars 2016, que nous publions ci-dessous, nous apparaît donc fort bienvenu.

En refusant de garder la frontière commune face à l'afflux de nouveaux migrants, l'Italie exaspère la France et prend le risque de torpiller l'espace Schengen.

Voilà presque vingt ans que, grâce aux accords de Schengen, on circule à l'intérieur de l'espace européen sans devoir s'arrêter à un poste de douane. Mais, sur place, aux alentours des anciens check points, d'autres barrières subsistent...