Il y a dix ans, c'est un Joseph mystérieux et timide qui prenait la place de son père, assassiné. Beaucoup ont alors cru au réveil congolais. Mais aujourd'hui, le chef de l'Etat marche sur les pas de ses deux prédécesseurs et règne sur un pays sinistré, miné par la corruption et la violence. Retour sur un espoir déçu.

A peine nommé, déjà controversé. Le pasteur Daniel Ngoy Mulunda est un proche du chef de l'Etat. Il a pris la tête, en février 2011, de la commission électorale.

Son bilan est plus que mitigé, mais il affiche sa certitude d'être réélu. Fort du contrôle de l'appareil d'Etat, le président sortant ne court guère de risque lors du scrutin à un seul tour du 28 novembre 2011. D'autant que ses adversaires, divisés, lui facilitent la tâche.

Qu'importent l'or, les diamants, ou même l'annulation de la dette... Le Premier ministre en est convaincu : son pays n'a jamais su exploiter son potentiel. Nommé en 2008, il défend le bilan de Joseph Kabila, dont il a choisi de soutenir la candidature à la présidentielle du 28 novembre 2011.

Depuis qu'il a ″prêté serment″, le 23 décembre 2011, Etienne Tshisekedi se tait. Dans le quartier de Limete, où il vit retranché, le vieil opposant reçoit, consulte, mais ne s'exprime pas. Question de stratégie pour celui qui s'est proclamé président à l'issue de l'élection du 28 novembre. Rencontre.

Vives tensions dans le camp d'Etienne Tshisekedi. Son parti ne reconnaît toujours pas la validité des législatives, mais de nombreux élus en novembre 2011 aimeraient siéger à l'Assemblée.

Après une transition prometteuse puis un très décevant premier mandat, le chef de l'Etat est dans l'obligation de rebondir. Pour faire oublier sa réélection plus que contestable et répondre, enfin, aux priorités d'un pays miné par la misère, la corruption et la violence.

Son pays a une mauvaise image, le Premier ministre en est bien conscient. La rencontre du mois d'octobre 2012, à laquelle participera le président français, pourrait aider à redorer le blason congolais.

Le 7 septembre 1997, l'ex-président du Zaïre décédait à Rabat, au Maroc, loin des siens. Cette mort en exil était l'épilogue d'une lente agonie. Quinze ans après, le jugement des Congolais oscille entre indulgence, regret d'un orgueil perdu et souvenir cauchemardesque d'une dictature à bout de souffle.

Alors que le pays s'apprête à accueillir le 14e sommet de la Francophonie, une petite révolution semble en marche à Kinshasa. Six mois après la nomination du nouveau gouvernement, les premiers signes d'une réelle volonté de remettre enfin le géant sur les rails se font sentir.

Il venait à Kinshasa à reculons et a tenu à le faire savoir. De petits gestes en petites phrases, François Hollande a pris ses distances avec le président congolais lors du 14e sommet de la Francophonie... Et tant pis si ses homologues africains en ont pris ombrage.