Enquêtes, interpellations, dénonciations... La junte promet de lutter contre la corruption et de tourner la page Mamadou Tandja. Depuis mars 2010, le pays vit au rythme des scandales et des révélations.

Sous le vernis de l'homme affable se cache un militaire ferme et intraitable dont la popularité ne se dément pas depuis son arrivée au pouvoir, il y a six mois. Un savant mélange d'arbitraire et de d'efficacité.

Préparait-il un coup d'Etat contre Salou Djibo ? Une chose est sûre : le colonel Abdoulaye Badié n'est plus en grâce auprès de celui qu'il avait aidé à s'emparer du pouvoir, en février 2010. Il perdu son rang de numéro deux du régime.

Que faire du président déchu ? La Cedeao exige sa libération, la junte s'y refuse, au risque de perdre son crédit auprès de la communauté internationale. L'ancien chef de l'Etat pourrait finalement être jugé pour haute trahison.

Même parcours initiatique, même ténacité... Depuis vingt ans, quatre grands acteurs dominent la scène politique locale. Trois d'entre eux tiendront l'affiche au premier tour de la présidentielle qui aura lieu, sauf surprise, le 31 janvier 2011. Cette année, seul manquera l'ancien chef de l'Etat, Mamadou Tandja.

Difficile exercice que celui qui attend le nouveau président. Il lui faudra ménager les anciens patrons de la junte, tout en prenant soin de ne pas leur donner trop de pouvoir. Une chose est sûre : Salou Djibo, le tombeur de Mamadou Tandja, sera traité avec tous les honneurs.

Le 7 avril 2011, le nouveau président, Mahamadou Issoufou, prend ses fonctions. La junte a joué le jeu. Au tour de la future équipe civile de tenir ses promesses de campagnes.

Trois mois après son accession au pouvoir, le nouveau président du Niger ne connaît pas d'état de grâce. Une guerre se déroule à ses frontières, les terroristes d'AI-Qaïda au Maghreb islamique sont plus que jamais menaçants et l'économie est à reconstruire... Pour ce démocrate socialiste, grand admirateur du calife Omar, la tâche s'annonce rude.

Un rien austère, mais à coup sûr tenace. Le Nigérien Mahamadou Issoufou, 61 ans, a essuyé trois échecs dans les urnes avant de parvenir au sommet. Vice-président de l'Internationale socialiste, cet ingénieur des Mines formé à Montpellier et à Saint-Etienne dirige un pays frontalier du Mali, du Nigeria et de la Libye, doté d'un formidable pactole énergétique, mais ensablé dans la pauvreté. Menace djihadiste, développement, démocratie: le « Zaki » - lion, en langue haoussa - de Niamey esquisse en termes clairs et simples le devenir de l'Afrique.

Ils ont presque le même âge, ils ont percé en politique au même moment, l'histoire les a parfois rapprochés... Mais rien ne va plus entre le président Issoufou et son ancien allié devenu son plus grand rival, Hama Amadou. Et la présidentielle de 2016 n'y est pas pour rien.

Nommé pour préparer les élections de 2016, il s'est retrouvé à devoir coordonner la lutte contre les islamistes nigérians. Les pays de la région n'ont pas fini de payer le prix du sang mais, dit-il, en six mois, la situation a radicalement changé.

Face à la menace de chaos brandie par l'opposition, le chef de l'Etat nigérien tout juste réélu prône l'apaisement. Un geste aussi destiné à rassurer la communauté internationale.