Tapie et Dubiton se neutralisent mutuellement, le milliardaire Robert Louis-Dreyfus est étrangement absent.

Le 12 mai s'ouvre à Marseille le procès de l'Olympique de Marseille, où Bernard Tapie risque gros. A travers les curieuses pratiques d'un dirigeant prêt à tout pour gagner, c'est tout le foot français qui est en accusation.

Deux nouveaux avocats, une ligne tactique mûrement réfléchie : c'est dans la plus grande discrétion que l'ancien président de l'OM prépare son match de la dernière chance.

Parce qu'il mettait les rieurs de son côté, on lui a beaucoup pardonné. Enfermé plus d'une semaine dans la petite salle d'un tribunal de province, l'illusionniste a dû dévoiler ses trucs et ses procédés. Et ce n'était pas joli.

Elles s'appellent Audrey Glassmann, Marie-Christine Robert, Christine Eydelie. Elles ont fait craquer la loi du silence et sont les vraies héroïnes du feuilleton qui a ébranlé le football français.

Selon les policiers, plus de 80 millions de francs seraient sortis des caisses marseillaises par le biais de fausses factures. Après quarante mois d'enquête, le juge d'instruction a convoqué Bernard Tapie le 28 mars.

"L'Olympique de Marseille est en état de cessation de paiement, dit un magistrat du tribunal de commerce. Pour une autre entreprise, on en aurait depuis longtemps tiré les conséquences".

Fan de l'OM et fier de l'être, le directeur du Théâtre de la Criée. Parce que "vibrer pour une équipe, aller au stade, cela vaut mieux que l'onanisme consensuel de la télé."

Le football français sans l'OM, c'est des milliards en moins... Et pas seulement pour le club marseillais. Le manque à gagner que provoquerait sa rétrogradation incite les autres dirigeants à moins de sévérité.

Corruption active ou machination diabolique ? Sur la Canebière, on penche, bien sûr, pour la seconde hypothèse. Mais les joueurs de Valenciennes ont donné aux magistrats de quoi étayer leurs accusations. Et les dernières perquisitions au siège de l'OM risquent de relancer de vieilles affaires...

Après les aveux des joueurs de Valenciennes et malgré les dénégations du président de l'OM, la justice ira jusqu'au bout : c'est tout l'avenir du football français - et celui de son président vedette - qui est en jeu. Les dessous de l'opération "pieds propres".

Pourquoi l'OM a-t-il versé 420 000 francs sur le compte suisse de l'ex-entraîneur nantais Blazevic en 1989, à la veille d'un match opposant les deux clubs ? Quatre ans après, personne n'arrive à s'en souvenir.