Voilà un ancien bagnard qui a réussi sa reconversion ! Espion des bas-fonds pour le compte de la police, il dirige à partir de 1811 la brigade de sûreté, qu'il fait reine dans l'art de l'infiltration.

L'idée, extra, lui vient comme ça, ou presque : prendre l'initiative, "partir du criminel pour aller au crime" plutôt que l'inverse. Écoutes, filatures, pêche aux infos... bienvenue à la BRI.

Ce Corse est, dans les années 1970, le patron du service phare du 36, la brigade criminelle. Et en cette décennie toute de bruit et de fureur, le commissaire ne chôme pas...

L'ordre, comme la lutte contre le crime, est son credo, depuis que Louis XIV en fixa les règles à Paris. Et les tempêtes qu'elle a traversées ne l'ont jamais déviée du cap fixé par ses ténors : s'adapter, se moderniser pour remplir son office.

Louis Nicolas a toute la confiance de Bonaparte... pour tenir à l'oeil Fouché, dont il convoite la place ! Même figure pâle, même regard voilé, les deux hommes se ressemblent. Un signe ?

Une révolution administrative : il n'en faut pas moins, selon Louis XIV, pour protéger Paris de la criminalité qui la ronge. Elle se produit le 15 mars 1667, par un édit qui consacre la naissance du tout-puissant lieutenant de police.

Pour "rétablir l'ordre", le président du Conseil Casimir Perier nomme un homme d'affaires à la moralité douteuse. Il marquera de son empreinte répressive le règne agité de Louis-Philippe, marqué par les attentats politiques, les crimes crapuleux et les épidémies.

"J'ai fait tous les métiers", clamait, à raison, celui qui fut préfet de mars 1879 à juillet 1881. Un temps qu'il passe à traquer les ennemis d'un régime fragile, assisté d'une nuée de "mouchards"...

Le médecin lyonnais ouvre, en 1910, le premier laboratoire de police scientifique. Sans limites, il peaufinera la méthode de son modèle de fiction britannique : "l'observation des riens".

Vidocq, Bertillon, Locard : chacun a révolutionné les techniques d'enquêtes. Le premier par sa connaissance du "milieu", le deuxième en créant un fichier des criminels, le troisième en fondant le premier laboratoire de police scientifique. Toutes ces innovations ont été repriss par d'autres pays d'Europe.

Le personnage de Maigret en fut le plus illustre locataire, mais l'endroit ne s'est pas contenté de nourrir la fiction. Derrière la porte 315 du 36 quai des Orfèvres bat le coeur de la brigade criminelle de Paris. Autant dire l'aristocratie de la police. De l'affaire Violette Nozière à l'arrestation du tueur en série Guy Georges, c'est du bureau du patron de la Crim' que furent pilotées les plus grandes enquêtes de l'histoire française.

L'incendie d'une paillote et l'enquête sur l'assassinat du préfet Erignac ont mis au premier plan de l'actualité la guerre des service de police et de gendarmerie de Corse. Un affrontement aux origines anciennes. Dès la Révolution en effet, la République a dissocié les compétences et entretenu régulièrement la division entre gendarmes et policiers.