Précision du regard et musicalité, c'est de l'art d'écrire et d'une étrange histoire d'anges que nous parlent les livres d'Hédi Kaddour.

En France, l'identité nationale ne s'est pas construite autour d'un mets particulier, mais autour d'un nouvel état d'esprit culinaire : la gastronomie. Pour les dictionnaires, c'est l'art de bien manger. Jean-François Revel, philosophe gourmet, précise que "la cuisine est un perfectionnement de l'alimentation et la gastronomie un perfectionnement de la cuisine elle-même". C'est une cuisine qui réfléchit sur ses enjeux, ses implications, ses valeurs. Autrement dit, qui s'accompagne d'un discours. Elle réconcilie les mots et les mets.

C'est dans la France du XVIIe siècle, dans les salons d'abord, sous le règne de Louis XIII, puis à la Cour, sous celui de Louis XIV, que les règles du savoir-vivre, telles que nous les pratiquons aujourd'hui, se sont imposées à tous.

Pets et rots sont à bannir absolument en société : dans l'Antiquité comme au Moyen Age, sous l'Ancien Régime comme de nos jours. Plus surprenant, ce qui est aujourd'hui à proscrire était parfois très bien vu : vomir en public, par exemple. Chez les Romains, il s'agissait là d'une marque de profond respect envers ses hôtes ! Quant à cracher dans la rue, faire du bruit la nuit, écrire sur les murs, mettre ses pieds sur la table, ne pas tenir la porte... ce sont autant d'incivilités qui nous gâchent la vie.

Noble ou roturier, femme ou homme, civile ou militaire, chacun salue en fonction de ce qu'il est, mais aussi de la personne à qui il s'adresse.

Le souci du ou des "biens communs" n'est certes pas une nouveauté dans le droit ni dans la vie quotidienne. Mais on observe aujourd'hui des mutations passionnantes et généreuses du concept, abordées avec brio dans les ouvrages présentés.

Une vaste enquête menée par l'auteur montre la persistance d'une France aristocratique dans la France républicaine : le culte de la lignée, certains modes de sociabilité, des habitudes de goût et de langage...