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Faut-il instaurer une sélection à l'entrée à l'Université ?

Numéros de page :
11 p. / p. 68-78
Depuis les années 1960, les effectifs universitaires se sont très fortement accrus. Mais, compte tenu du taux élevé d'échecs chez les étudiants, la question d'une sélection à l'entrée à l'université revient fortement dans les débats. François Vatin, après avoir souligné que pour une majorité d'étudiants la sélection existe déjà, observe que la baisse du niveau dans les cursus universitaires les conduit à s'inscrire en grand nombre dans l'enseignement supérieur privé, cette privatisation des études équivalant à une sélection par l'argent. Il explique encore que la dégradation des diplômes pénalise leurs titulaires et a des répercussions sur la qualité des jeunes professeurs. Il plaide donc pour une sélection non seulement à l'entrée en master mais aussi dans le premier cycle, la politique universitaire ne devant pas être confondue avec une politique de gestion du chômage. Frédéric Neyrat fait valoir que lorsque l'enseignement secondaire et l'université étaient de facto réservés aux enfants issus de la bourgeoisie, les diplômes étaient accordés de manière laxiste, les débats sur la sélection n'étant intervenus qu'avec la fin de cet entre-soi. Il récuse dans l'université de masse d'aujourd'hui la possibilité d'un mode de sélection rationnel, celle-ci, qu'elle soit fondée sur un examen ou sur des droits d'inscription élevés, ne pouvant que pénaliser les nouveaux publics. Il défend le maintien d'une université ouverte, laquelle doit adapter ses méthodes pédagogiques et voir ses crédits augmenter. Pas de chiffres.