Au cours de la décennie 1960, le libéralisme belge a été confronté à la montée des crispations communautaires entre la Flandre et la Wallonie et à des projets de réforme constitutionnelle. En tant qu'acteur politique, le Parti de la Liberté et du Progrès (PLP) a progressivement opté pour la défense d'une Belgique dite "unitaire". Une telle prise de position est inévitablement allée à l'encontre de la tradition fédéraliste ardemment défendue par une partie des libéraux liégeois proches du Mouvement wallon. Partagés entre la ligne unitaire du parti et leur héritage fédéraliste, comment ces mandataires locaux du PLP liégeois ont-ils réagi ? Des résistances internes sont-elles apparues contre ce positionnement unitaire au cours de cette décennie ? Cet antagonisme n'ayant été que peu envisagé par la littérature scientifique, notre objectif est de combler ce silence historiographie. Une telle approche été rendue possible grâce au dépouillement inédit des archives non-inventoriées de la Maison liégeoise du Mouvement réformateur (MR). Ces sources ont ensuite été croisées et complétées par les archives du Fonds d'Histoire du Mouvement wallon et du Centre Jean Gol à Bruxelles, mais aussi par des articles de presse. Notre étude met en lumière l'existence de deux tendances au sein du PLP liégeois, l'une unitariste et l'autre fédéraliste. Initialement minimes, les résistances fédéralistes se sont progressivement radicalisées au cours de la décennie dans un contexte d'exacerbation des tensions communautaires. Cette fracture idéologique interne, accentuée par les enjeux politiques locaux et les affinités personnelles, illustre les tensions sous-jacentes inhérentes à la vie d'un parti et démontre qu'une frange contestataire a bien agi dans l'ombre des positions nationales du PLP.