Que reste-t-il de l'ascenseur social ?
Bulletin : Books 96 - avril 2019
Numéros de page :
pp.16-35
La méritocratie promeut l’idée d’attribuer pouvoir et privilèges aux individus en fonction de leur mérite et non de leur milieu social. En inventant ce mot dans les années 1950, le sociologue Michael Young exprimait à la fois un espoir et une crainte. L’espoir que les emplois aillent aux plus qualifiés, indépendamment de leur origine ; la crainte qu’une nouvelle classe dirigeante fondée sur les diplômes se referme sur elle-même pour former une nouvelle aristocratie. Ceux qui ont accédé à l’argent et au pouvoir sont en effet incités à utiliser les moyens dont ils disposent pour aider leurs enfants à accéder aux meilleurs diplômes. L’objet de notre dossier est de montrer que cette crainte était largement fondée. Comme le dit un universitaire américain, la méritocratie est devenue « un mécanisme transgénérationnel de transmission dynastique de la richesse et des privilèges ». Outre diverses analyses de spécialistes, nous reproduisons de nombreux graphiques qui illustrent peu ou prou la réalité du phénomène dans tous les pays de l’OCDE. L’ascenseur social n’est pas bloqué, mais il marche au ralenti. En France, les fils de cadres supérieurs deviennent cinq fois plus souvent cadres eux-mêmes que les fils d’ouvriers, et les enfants des élites trustent les classes préparatoires aux grandes écoles. Sommaire. Une nouvelle aristocratie. De moins en moins de self-made-men. Dis-moi ton nom, je te dirai... Et la France, dans tout ça ? En finir avec l'exclusion sociale.
Note Générale : Dossier de 5 articles.