"Knives and Skin" de Jennifer Reeder
Bulletin : Cahiers du cinéma 760 - novembre 2019
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Numéros de page :
pp.44-47
"Knives and Skin" débute par une scène saisissante. Une mère, armée d'un grand couteau de cuisine, frappe à la porte de sa fille et, avec sa petite voix à la fois soucieuse et inquiétante, on dirait le loup devant la maison des trois petits cochons. Mais dans la chambre de l'adolescente - cet univers mystérieux encore emprunt des charmes de l'enfance où la mère semble en terre étrangère - nulle trace de Carolyn. La jeune absente est dehors, elle flirte avec un garçon ; au moment de passer à l'acte, elle se rétracte et le garçon la violente. Abandonnée près d'un lac, elle disparaît, laissant une mère inconsolable, une bourgade de l'Illinois partagée entre chagrin et indifférence, et un petit groupe d'adolescentes hantées par le souvenir de Carolyn, comme si un peu d'elles-mêmes s'était évaporé avec elle. Ce "coming-of-age movie" (deuxième long métrage de Jennifer Reeder, après "Signature Move" en 2017, inédit en France, et une flopée de courts remarqués en festivals), avec sa disparue qui bouleverse un quotidien léthargique et angoissant, évoque "Twin Peaks" (la réalisatrice est de cette génération qui a terminé le lycée en découvrant la série de Lynch) ou "Rêves de garçons", le beau roman de Laura Kasischke. Sommaire. Rêves de jeune fille, la critique du film "Knives and skin" de Jennifer Reeder par Jean-Sébastien Chauvin. Des majorettes et des fantômes, entretien avec Jennifer Reeder.
Note Générale : Dossier de 2 articles.