Pedro Almodovar
Bulletin : Positif 664 - juin 2016
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4 p. / p. 7-10
Avec une façon très personnelle de s'éloigner des livres qu'il adapte pour n'en garder que les émotions de sa première lecture, de son goût pour la construction des labyrinthes temporels et de sa passion pour les personnages féminins, Pedro Almodovar livre "Julieta", adapté de trois nouvelles d'Alice Munro. Ce qui a changé avec ce nouveau film, c'est l'abandon de tous ces débordements folkloriques qui caractérisaient jusqu'ici son cinéma (personnages secondaires truculents, recours aux chansons sentimentales et aux références cinématographiques explicites) au profit de l'épure. Même sa chère Rossy de Palma se retrouve ici à contre-emploi dans la peau d'une gouvernante austère. Sans renoncer à une forme feuilletonesque sous emprise du Film noir, Almodovar recherche désormais la simplicité formelle pour enrichir encore la palette des émotions. Comme dans ce déjà anthologique raccord sous la serviette qui lui permet de changer d'actrice et notre perception de son héroïne. Tout en s'inscrivant dans la continuité d'une oeuvre déjà riche, "Julieta" est sans doute son premier film de la maturité.