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Cromwell, la République anglaise

01 mars 2023
Numéros de page :
pp.6-129
"Cromwell, à qui le génie, les occasions et le malheur de son pays avaient inspiré des pensées fort au-dessus de sa naissance, au commencement simple officier dans les troupes rebelles du Parlement, puis général, puis protecteur de la république, et désirant en secret la qualité de roi qu’il refusait en public, enflé par le bon succès de la plupart de ses entreprises, ne voyait rien de si grand, ni au-dedans, ni au-dehors de son île, à quoi il ne pensât pouvoir prétendre", observe avec dédain Louis XIV dans ses "Mémoires" destinés à initier le dauphin au métier de roi. Le Roi-Soleil n’avait pas encore les pleins pouvoirs que, de l’autre côté de la Manche, Oliver Cromwell, un puritain convaincu d’être l’instrument de Dieu, avait porté le Commonwealth sur les fonts baptismaux le 19 mai 1649. Une république parlementaire, pour le "bien commun". Tout est allé très vite. Charles Ier, dont l’absolutisme politique et religieux a asphyxié ses royaumes (Angleterre, Écosse, Irlande), est désavoué publiquement au Parlement le 4 janvier 1642. Un affront impossible à digérer. Quelques mois plus tard, le souverain en perte de vitesse hisse son étendard au château de Nottingham, lançant la guerre civile. La fortune des armes fait d’un gentleman-farmer de province un général en chef, fondateur de la New Model Army, autrement dit une armée professionnalisée. Une effervescence militaro-politique, théologique et philosophique s’empare alors de l’île. La question de la souveraineté populaire est même discutée lors de houleux débats à Putney, en 1647. Le Stuart, dans tout cela ? Arrêté, condamné pour haute trahison et décapité le 30 janvier 1649. Une tête royale tombée, pour un régime républicain instauré sous la supervision du Parlement. Cromwell part mater l’Irlande avec une violence inouïe, puis mettre au pas l’Écosse indocile, où le fils de Charles Ier s’est fait proclamer roi. Mais le régime, de républicain, passe à la dictature militaire en 1653. Cromwell devient un lord-protecteur inflexible capable de dissoudre le Parlement en un claquement de doigts – et avec l’assistance de l’armée – pour en recomposer un autre. Les idéaux de la révolution ont fait long feu… La mort de Cromwell, en 1658, et la Restauration, en 1660, mettront fin à cette parenthèse républicaine unique dans l’histoire de la Grande-Bretagne – et antérieure à la Révolution française. Prête à servir de modèle, du moins dans certaines de ses aspirations. Les têtes n’avaient pas fini de tomber… Mais, cela, Louis XIV ne pouvait pas encore le savoir. Sommaire. Chronologie. Glossaire. L’homme de toutes les révolutions ? Le chemin de croix du Long Parlement. La brève existence écrite de la Constitution anglaise. Seul Dieu a un droit de regard. La Barbade au coeur de la guerre civile. Les guerres des trois royaumes. Revue de détail. L’entretien : plutôt qu’un dictateur, un réformateur. Cromwell avant Cromwell. Les héros du Parlement. Marston Moor : une victoire parlementaire. New Model Army : le concentré de force du Parlement. Putney ou le juste droit du peuple. Crépuscule pour un roi. Sectes : la course au puritanisme. L’Irlande à feu et à sang sous le joug cromwellien. Le duel Cromwell-Charles II pour l’Écosse. Au service secret du lord-protecteur. L’historienne de la révolution anglaise. Dieu s’invite à la table des Anglais. Pourquoi a-t-il refusé la couronne ? Il a perdu la tête et plutôt deux fois qu’une ! Un être insaisissable et ambivalent. L’art victorien exhume le chef puritain. Go to hell, gronde le punk-rock celtique. Et si… ils étaient devenus républicains ? Multimédia : cinéma et livres.
Note Générale : Dossier de 30 articles.