Planifier la politique migratoire de l'après-guerre : les perspectives du "traité de travail" en France et en Italie, 1915-1919
Bulletin : Revue historique 696 - octobre 2020
01 octobre 2020
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pp.155-177
Cet article porte sur la genèse du traité de travail franco-italien, signé à Rome le 30 septembre 1919, c’est-à-dire sur le premier accord qui réglemente aussi bien les questions de recrutement et de placement de la main-d’oeuvre, que celles des droits sociaux. Il ne se focalise pas sur la phase de rédaction et de négociation, car son but est d’analyser la naissance de l’idée même de l’accord en se penchant sur le débat public. L’article veut donc réfléchir sur l’élaboration des politiques migratoires française et italienne pour l’après-guerre en soulignant l’importance de la Grande Guerre à cet égard. La définition d’une véritable politique migratoire, en effet, a été une conséquence de la centralité acquise par les Etats pendant la guerre, en matière de contrôle des flux migratoires et de gestion du marché du travail. Par rapport aux objectifs les deux contextes nationaux avaient bien évidemment des priorités différentes. D’un côté, en Italie, l’accent était mis sur l’exigence de valoriser l’émigration. Le traité de travail devait donc servir à garantir les droits sociaux (assurances sociales, assistance, rémunération, conditions de travail) aux émigrants italiens, afin d’améliorer leur statut et d’éviter leur naturalisation. De l’autre côté, en France l’accent était mis sur la pénurie de main-d’oeuvre et sur les nécessités démographiques. Le traité de travail devait donc servir à garantir des voies durables et officielles de recrutement, collectif et individuel, afin d’assurer les opérations de reconstruction et de relancer la productivité.