Elites politiques et aristocratie à Byzance, Ve-XVe siècles
Bulletin : Revue historique octobre 2021
01 octobre 2021
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pp.1067-1104
L’Empire byzantin n’est pas gouverné par une noblesse car les titres de cour ne sont pas héréditaires. Il est même difficile de parler d’aristocratie car les élites byzantines constituent un groupe social ouvert. Entre le Ve et le XVe siècle, ces élites se caractérisent par une grande continuité, héritée de l’Empire romain tardif. L’empereur nomme à des dignités auliques et à des fonctions administratives, qui sont souvent achetées et procurent les plus grosses fortunes. Ce système de gouvernement est aussi marqué par la corruption et les relations de fidélité entre les hommes. L’appartenance familiale prédispose à l’occupation des postes de pouvoir, à la fois grâce aux réseaux sociaux et aux biens hérités. Des évolutions se manifestent néanmoins au cours du millénaire byzantin, sans que l’on puisse parler de « Moyen Age grec ». Les élites de l’Antiquité tardive se renouvellent à une grande vitesse, même dans l’entourage impérial. Après le VIIIe siècle apparaissent les noms lignagers transmissibles caractéristiques d’une aristocratie placée au sommet du groupe des élites et particulièrement spécialisée dans la guerre. A partir du XIIe siècle, les plus hautes dignités de cour sont réservées aux membres des dynasties impériales constituées par une politique matrimoniale. Au même moment se généralise au bénéfice de la plus haute aristocratie la dévolution des revenus à la source, sous le contrôle de l’empereur, qui distribuait jusqu’alors directement ses largesses.