« C'est paradoxal, la littérature : on répète beaucoup qu'elle émancipe, qu'elle vous rend plus humain (...), mais on peut aussi s'y perdre en en venant à ne plus accorder d'importance à la vraie vie, qui parait toujours plus fade » explique Leïla Slimani dans le bel entretien (lire page 20) qu'elle nous a accordé, à la veille de la parution de son nouveau roman, "J'emporterai le feu" (éd. Gallimard. en librairie le 23 janvier). Nous, lecteurs, sommes aussi souvent, à notre façon,au coeur de ce paradoxe : ouvrant un roman. un récit, on ne saurait dire s'il s'agit pour nous de prendre nos distances avec « la vraie vie » ou, au contraire, de porter sur elle un regard plus net. Évidemment. les bons livres font les deux : distancier et clarifier. Ainsi des romans si différents, mais également pénétrants, de Florence Seyvos et Rachel Kushner, ou du récit de La Grande Sophie, que nous avons rencontrées pour vous proposer une première sélection parmi les quelque cinq cents ouvrages (cinq cent sept, précisément, a compté le magazine "Livres Hebdo") paraissant en cette rentrée littéraire d'hiver opulente. D'autres choix viendront, dans les semaines à venir, s'ajouter à ceux-là. Par exemple, le nouvel ouvrage de Lola Lafon, "Il n'a jamais été trop" tard (éd. Stock), livre de réflexion et de combat dans lequel elle écrit : "Aux écrivains, on demande fréquemment s'ils écrivent chaque jour, et quand, le matin, la nuit ? J'écris quand je ne sais pas. Quand je ne sais pas si je saurai un jour." Nous y reviendrons bientôt. Sommaire. Adultes, donc fragiles. Les mots qui consolent. En eaux troubles. Intimité à collectionner. Leila Slimani : « Le bonheur d'être ensemble tout en étant différents, j'y crois ».