On pourrait dire de cette correspondance entre Kuhn et Maldiney ce que le psychiatre lui-même écrit au philosophe, le 10 décembre 1985, lorsqu'il découvre celle de Schiller et Goethe : "les 1000 pages de cette correspondance sont une source infinie des vues les plus essentielles."

Philosophe et historien de l'art, Georges Didi-Huberman est l'auteur d'une cinquantaine d'ouvrages qui se distinguent à la fois par l'ampleur de leur champ d'étude qui va de la Première Renaissance à l'art contemporain, par les nouvelles approches et perspectives qu'ils offrent en matière de théorie des images, ainsi que par une intensité stylistique qui répond au constant souci de trouver un passage entre le regard et les mots, entre l'expérience sensible et la pratique d'une écriture.

Dans ces entretiens avec le philosophe tunisien Adnen Jdey, Jacques Rancière revient sur les thématiques centrales de sa pensée de l'art et sur les liens que sa réflexion n'a cessé de tisser entre l'esthétique et la politique. En réponse aux interrogations d'Adnen Jdey, qui posent de manière très fine les jalons permettant au lecteur de se repérer dans une oeuvre essentielle de la philosophie contemporaine, Jacques Rancière choisit d'éclairer sa démarche en exposant ce qui constitue en quelque sorte sa méthode, au sein de laquelle la scène occupe une fonction et une place centrales.

Philosophe de l'art et du langage, Jean-Marie Schaeffer est l'auteur d'ouvrages portant autant sur des objets spécifiques comme la photographie ("l'Image précaire", son premier livre, Seuil, 1987) et le récit (son plus récent, "les Troubles du récit", Thierry Marchaise, 2020) que sur le champ plus large de l'esthétique et de son histoire ("l'Art de l'âge moderne. L'esthétique et la philosophie de l'art du 18e siècle à nos jours", Gallimard, 1992).

Pour rester dans le domaine de l'art contemporain si sensible à l'intermédialité, Valère-Marie Marchand ouvre à "Diogène" les portes non pas d'une exposition mais d'un atelier qui "est une lecture en soi" et d'une pensée en images, celle de Valerio Adami. Méfiant à l'égard du "pictural" qui évacue la notion de sacré, il plaide, face à l'oeuvre d'art, moins pour l'exégèse que pour l'extase qui "n'est pas un éblouissement fugitif, mais une connaissance et une intuition profonde de l'instant".

L'utilisation des IA génératives a gagné l'ensemble des multimédias en seulement quelques années mais leur potentiel créatif a un prix : la soumission du créateur à l'outil. Si l'art cristallise les craintes les plus fortes, nous renvoyant à des réflexions profondes sur le rapport entre 1 'homme et la machine, c'est tout un milieu entrepreneurial qui est d'ores et déjà touché par son utilisation systématique.