En toute liberté d'invention, Jean Renoir a tourné son chef d'oeuvre "La Règle du jeu", dont le résultat, terme à terme, s'affirmera parfaitement vif, personnel, savoureux et subversif ; de cela, nous sommes sûrs. Bien plus, ce film domine désormais, de la tête et des épaules, l'histoire du cinéma français, voire même mondial.

Auteur de critiques littéraires, théâtrales et parfois cinématographiques depuis 1942, dans "Messages" dont il était secrétaire de rédaction, puis dans "Confluences", et dans "Volontés de ceux de la Résistance", bientôt collaborateur de "Combat" où il rendra compte de la défense de Brasillach, Alexandre Astruc publie dans "L'Écran français" de 1945 à 1948 une série d'articles sur le cinéma.

L'hilarité collective qui emplit une salle de cinéma procure un bonheur magique et universel. Mais comment et pourquoi éclate-t-on de rire devant un écran ? Plutôt que de répondre à la question par une impossible encyclopédie, en soixante pages, du cinéma comique, nous l'avons formulée autrement. En douze décennies de création cinématographique, de quoi a-t-on ri à telle époque et en tel endroit de la planète ? Les formes stylistiques et humoristiques apparues ici, renouvelées là, sont-elles liées à un état de la société, à des impératifs économiques, au génie imprévisible d'un créateur ?

Amorcé par les documentaires de James Cameron (″Les Fantômes du Titanic″ en 2003, ″Aliens of the Deep″ en 2005) et les fresques numériques de Robert Zemeckis (″Le Pôle express″ en 2004, ″La Légende de Beowulf″, ″Le Drôle de noël de Scrooge″), le renouveau du cinéma en relief triomphe fin 2009 avec ″Avatar″. 2011 a été une belle année pour le relief, marquée par la puissance visuelle d'″Hugo Cabret″, ″Les Aventures de Tintin″, ″La Grotte des rêves perdus″ et, dans une moins mesure, de ″Pina″ et ″Transformers 3″.

Il est communément admis que la "naissance" du cinéma date du 28 décembre 1895, dans le salon indien du Grand Café, boulevard des Capucines, à Paris. Parce qu'est à ce moment-là qu'a lieu la première projection publique payante. Ce jour-là il n'y a que trente-trois spectateurs dans la salle. Dont un certain Georges Méliès, magicien de son état, qui sort subjugué, avec la ferme intention d'apporter sa pierre à l'édifice de cet art naissant. On connaît la suite...

Les photos de plateau de Raymond Cauchetier ont fait le tour du monde. Il a résumé avec son Rolleiflex une époque qui n'a duré que quelques années : la Nouvelle Vague. Godard, Truffaut, Chabrol, mais aussi Varda, Rozier, Demy, l'ont laissé cueillir ces images en noir et blanc qui fixent un moment central de l'histoire du cinéma.

Trois films de Louis Delluc ressortent ce mois-ci. Il faut à cette occasion saluer le travail des Archives cinématographiques et de La Cinémathèque française qui nous permettent d'avoir accès à une oeuvre finalement peu connue. "Le Chemin d'Ernoa", "La Femme de nulle part", "Fièvre", "L'Inondation" avaient par ailleurs fait l'objet d'un superbe coffret DVD en 2016. C'est l'opportunité aussi pour nous de revenir sur cet artiste multiple dont la dimension historique masque trop souvent l'oeuvre et le parcours.

Inventeurs du cinématographe et de la photo couleur sur plaque autochrome, les Frères Lumière sont en tête d'affiche au Grand Palais. Films restaurés, salle reconstituée, écran-vitrail monumental... Rien n'est trop beau pour célébrer ces démiurges des temps modernes.

L'ancien patron des "Cahiers du cinéma" et de la Cinémathèque, Serge Toubiana et le fondateur de MK2, Marin Karmitz, se prêtent à l'exercice du livre de souvenirs - on n'ose dire des Mémoires. Plutôt des plaidoyers pro domo étonnamment ternes, où les noms illustres défilent mais où les films tiennent bien peu de place.

Il y eut une belle époque, au début des années 60, où nos écrans s'ouvraient au cinéma polonais - Andrzej Wajda, Jerzy Kawalerowicz, Andrzej Munk, Wojciech Has, Polanski à ses débuts, plus tard Skolimowski et Kieslowski affichaient la variété d'une cinématographie vivace, autant que le permettait le socialisme réel. Vivace et puissante : revoir des copies restaurées de Train de nuit (Kawakerowicz, 1959) et de La Clepsydre (éblouissante adaptation de Bruno Schulz par Has, 1973) prouve combien les années ont bonifié, sur tous les plans, l'un et l'autre film.

″A la tradition seule va mon amour″ écrivait Pasolini, étant entendu que cette passion rend plus intense le présent. Loin du penchant antiquaire, on constate avec satisfaction qu'il y a du nouveau chez les historiens du cinéma français.