Tous les grands pays européens ont mis en place des réformes territoriales dans les quarante dernières années, réduisant drastiquement le nombre des communes. Quelles sont ces réformes ? Pourquoi la France rejoint-elle si tardivement le mouvement général ?

Entretien avec Jacques Auxiette, ancien président socialiste du conseil régional des Pays de la Loire (mars 2004-décembre 2015), ancien président des commissions éducation et transports de l'Association des régions de France.

L'organisation territoriale française, souvent moquée pour sa complexité, permet néanmoins d'articuler différents échelons du territoire. Le nouvel acte de la décentralisation, nécessaire, doit modifier la répartition des compétences, introduire plus de démocratie dans le gouvernement des métropoles, mais aussi laisser une marge d'expérimentation locale aux différents territoires.

Assumant l'héritage de la Révolution, la gauche républicaine s'est construite comme jacobine et centralisatrice. C'est pourtant elle qui fit voter la grande loi de décentralisation de la Ve République. La loi Defferre fête ses 25 ans.

Décentralisées, les collectivités locales françaises ont acquis une large autonomie. Mais la complexité institutionnelle du système les oblige souvent à coopérer. Paradoxe : cela exacerbe les rapports de force et les logiques de concurrence.

Le Premier ministre entend modifier l'architecture du pays avant les régionales de 2004. Il devra pour cela vaincre les routines de "la France d'en haut".

Trop ou pas assez audacieuse, sa réforme ? Certains à l'UMP la trouvent surtout mal foutue... Et ne se reconnaissent pas dans ce Premier ministre décidément trop "rond".

L'emiettemeent territorial complique la recherche du bon niveau de représentation. Mais une politique progressive de décentralisation a des effets plus durables qu'une tentative de réforme brutale.

Conséquence de la loi de décentralisation, le nouveau code des marchés publics - confirmé le 5 mars 2003 par le Conseil d'Etat - s'applique depuis le début de l'année à certains établissements gérés par la Ville de Paris. L'école Estienne, école supérieure des arts et des industries graphiques, est dans ce cas. Elle craint la paralysie.

Des rénovations ou constructions d'établissements scolaires à leur équipement en matériel informatique, en passant par les aides directes aux familles, les régions ont compris l'importance de leur politique en matière d'éducation. A quelques jours du scrutin régional, l'école pèse de plus en plus lourd dans la balance.