Il est rond et carré, provincial et spécialiste de marketing politique, sénateur et entreprenant, malin et fidèle. Le nouveau Premier ministre est un concentré de paradoxes.

Inexpérience, maladresse, signes avant-coureurs de vraies divergences politiques ? La cacophonie ministérielle serait comique si elle ne concernait des sujets aussi graves que les impôts, les salaires, l'emploi, la santé...

Trop ou pas assez audacieuse, sa réforme ? Certains à l'UMP la trouvent surtout mal foutue... Et ne se reconnaissent pas dans ce Premier ministre décidément trop "rond".

Le Premier ministre a su désamorcer la première crise sérieuse de la rentrée, celle des routiers.

C'est dans sa région qu'il a fait ses premières armes. Les Poitevins se souviennent d'un artiste de la conquête, d'un prédateur au bon sourire qui sait diviser pour régner.

Comme son idole Johnny Hallyday, le Premier ministre affiche une sérénité à toute épreuve face à la montée des mécontentements. Mais pourra-t-il longtemps conserver sa "rock n'roll attitude" ?

Le Premier ministre navigue à vue. Effrayé par les déficits qui se creusent, il ne peut se résoudre à imposer une politique de rigueur.

"Pour le premier ministre, c'est Matignon bis ou le Poitou..." Un proche explique ainsi la détermination de Raffarin. Mais aura-t-il les moyens de tenir face à la spirale des adversaires de sa réforme ? Car au-dessus de lui il y a Chirac.

Que les enseignants puissent participer à un boycott des examens, cela paraissait inconcevable au Premier ministre. C'est pourquoi il a choisi, pour des raisons de calendrier électoral, une période explosive pour faire passer sa réforme des retraites.

Contrairement aux déclarations officielles le Premier ministre a eu peur. Et malgré sa victoire sur les syndicats, les manifestations, souvent sous-évaluées, l'incitent désormais à la prudence.

Tenir, tenir jusqu'à l'absurde... Et ce malgré la débâcle de la droite, dimanche dernier. Au risque d'une coupure profonde avec le pays. A gauche comme à droite, la décision d'un président désormais solitaire dans son bunker élyséen dépasse les interprétations.

La curée anti-Raffarin dépasse désormais sa personne. Et la grogne contre son maintien à Matignon commence à éclabousser Chirac lui-même.