Dans la petite ville d'Herzégovine, les troupes croates fraîches se préparent à monter au front, tandis que les blindés britanniques de la Force de Réaction rapide attendent dans les collines une hypothétique mission.

S'ils ne cachent pas leur amertume devant la brusque agitation des Occidentaux autour de leurs "otages bleus", les Bosniaques se montrent pourtant intéressés par l'arrivée de renforts qui pourraient ouvrir une route vers la capitale assiégée. Mais ils n'y croient pas trop.

Les soldats français, qui supportent très mal l'"infâme" prise en otages de leurs camarades par les Serbes et critiquent l'irrésolution des responsables politiques, sont prêts à assumer une redéfinition plus dynamique - c'est-à-dire plus militaire - de leur rôle.

Celui qui vient de passer un an à Sarajevo à la tête de la Forpronu dénonce les manipulations politico-militaires des différents camps en présence et accuse ceux qui souhaitent la poursuite de la guerre.

Craignant le gel des conquêtes, Sarajevo a relancé la guerre en dépit de la trêve. Mais l'armée bosniaque n'a toujours pas les moyens de faire basculer le sort des combats en sa faveur.

Dans le nord-est du pays, un politicien véreux, Fikret Abdic, a entraîné dans une rébellion folle la population musulmane locale dont les hommes valides sont engagés aux côtés des Serbes contre les troupes du gouvernement de Sarajevo.

Sur la ligne de front, au nord-est de la Bosnie, quelque part dans la poche encore tenue par les troupes de Sarajevo, officiers musulmans et serbes ont interrompu le combat et sont sortis de leurs tranchées pour discuter...

Si le prix de la fin de leur cauchemar, c'est la construction d'un mur de la mort comme à Berlin, les habitants de la capitale bosniaque ne sont pas prêts à le payer.

Les grands de la politique internationale ne voient-ils pas la figure qu'ils sont en train de se préparer pour l'Histoire ? Celle des fossoyeurs de l'après-communisme, celle des fauteurs de la grande capitulation devant la nouvelle barbarie.

Pour le directeur de l'IFRI, les grandes puissances n'étant pas d'accord sur les buts, comment le seraient-elles sur les moyens ? Mettre fin à la guerre exigerait des centaines de milliers d'hommes qu'aucune nation ne veut fournir.

La guerre fait de nouveau rage sur tous les fronts, entre Serbes, Croates et Musulmans, sans la moindre issue à l'horizon. Voici les questions que l'on peut se poser sur les développements à venir après le sommet de l'Otan.

Les premiers raids de l'OTAN sur des objectifs terrestres en Bosnie pourraient annoncer un glissement progressif des Occidentaux dans la guerre aux côtés des Croato-Musulmans. A moins que les Serbes ne se décident à négocier.