"Rien n'est plus dangereux qu'un Gascon raisonnable", disait Edmond Rostand. Un siècle plus tard, Alain Juppé montre qu'il n'a rien d'un rêveur à la Cyrano. Le premier de la classe du lycée de Mont-de-Marsan s'est construit une vie qui ressemble déjà à un destin...

On ne l'appelle plus que "le futur maire" : la cité girondine est tombée amoureuse de son prétendant. Mais aura-t-il le temps de se consacrer au redressement d'une ville sinistrée s'il devenait Premier ministre ?

Tout désormais dans la majorité est prétexte à conflit. Le summum a été atteint avec la "guerre des ambassades". Récit d'un mauvais feuilleton qui a opposé les membres de l'ex-garde rapprochée du maire de Paris.

Fidèle à Chirac, bien vu par Mitterrand, le ministre des Affaires étrangères reste le mal-aimé de... Balladur. Et il en souffre. Portrait d'un ordinateur moins froid qu'il n'y paraît.

Après le samedi sanglant du 5 février, à Sarajevo, la France a fait le forcing pour obtenir des Américains qu'ils entrent enfin dans le jeu. Et qu'ils acceptent d'imposer à tous les belligérants une solution politique.

"A 58% pour l'entité croato-musulmane, on respecterait la morale, le droit, la justice. A 51%, ce serait la honte et la capitulation. La différence entre le bien et le mal se mesure-t-elle à sept points de territoire ?".

Le maire de Bordeaux a tapé très fort pour voler au secours d'un Chirac qui ne supporte plus d'être traité de zozo et de ripou. Après l'immunité judiciaire, le président recherche une immunité politique et médiatique...

Jusqu'à l'ouverture du procès, Alain Juppé a plaidé l'ignorance. Il n'avait pas prévu les aveux accablants des patrons "taxés" ni surtout ceux de ses subordonnés du parti gaulliste, qui ont enfoncé sa ligne de défense.

Faiseur des rois et des roitelets du nouveau gouvernement, il aurait pu être, dans l'ombre, une sorte de président bis.

Le succès de l'UMP, c'est presque autant celui de Juppé que de Chirac. Cela n'empêche pas le président plébiscité de refuser au duc de Bordeaux la présidence de l'Assemblée qu'il convoitait.

Elle n'est pas bleue comme il le voulait, mais le voici patron de la maison Droite. Pourtant, celui que Chirac appelait "le meilleur d'entre nous" a aujourd'hui quelques sujets d'inquiétude : l'administration difficile d'un parti multiforme, la montée de ses rivaux Raffarin et Sarkozy, et surtout cette amnistie qu'il voulait tant et que le président ne lui a pas offerte.

La faute à qui ? A Juppé, trop raide, à Sarkozy, trop pressé, à Raffarin, trop absent ? Le rêve hégémonique d'un parti unique de la droite ne s'est pas réalisé.