Ecrans de fumée
Bulletin : La Revue dessinée 33
01 septembre 2021
Auteurs
Numéros de page :
pp.60-93
Zinc, chlore, soufre, azote, phosphore, baryum... Comprendre ce qui s'est joué dans le ciel de Rouen, une nuit de septembre 2019 suppose une révision sérieuse du tableau de Mendeleïev. Le 4 octobre 2019, soit quelques jours après l'incendie de l'usine Lubrizol, l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) publiait un inventaire des éléments transportés par la colonne de fumée noire qui balayait le ciel normand. L'institut s'était alors basé sur "une liste de 479 produits, répartis sur plusieurs aires de stockage 'codifiées' impliquées dans le feu, pour un total massique de 5 262 tonnes". On apprendra plus tard que ce ne sont pas 5 262 mais plus de 9 000 tonnes de produits chimiques qui sont en réalité parties en fumée. Les données de l'Ineris, les seules accessibles à tous pendant des mois, ne suffiront pas à dissiper les craintes des habitants. Quelles réactions la combustion de ces produits a-t-elle entraînées ? Quels sont les risques pour la santé ? Quels seront les effets à long terme ? Et sur les enfants ? Quelle est la persistance de cette pollution dans l'environnement ? Sur les cultures et les aliments? Dans les jours puis les mois qui suivent l'accident, les réponses des autorités sont au mieux incomplètes, au pire contradictoires.