Peut-on faire preuve de nuance sans être tiède ? Lutte sociale et discours nuancé sont-ils compatibles ? Comment concilier émotion et raison dans l'action révolutionnaire ? De quel modèle intermédiaire s'inspirer pour exercer son esprit critique, entre celui des « moutons » qui croient tout ce qu'on leur dit et celui des « complotistes paranoïaques » qui doutent de tout (sauf des théories du complot…) ? Certainement accélérée par le développement d'Internet et des réseaux sociaux, la polarisation de la société semble faire émerger un débat public de plus en plus binaire, manichéen. Quelle que soit la polémique du moment, il est attendu que l'on choisisse son camp : « pour » ou « contre ». Dans un tel contexte, en appeler à plus de nuance peut être accueilli comme une prise de hauteur bienvenue, mais peut également être perçu comme une mollesse idéologique : après tout, on ne change pas les choses sans un minimum de radicalité. Mais la nuance telle que définie par Julien Lecomte ne consiste pas à dissoudre la révolte dans une posture réflexive qui finirait par paralyser l'action : elle doit au contraire permettre de prendre la mesure de l'action à mener. Entre réflexion philosophique, analyse concrète de controverses actuelles et introspection critique de son propre rapport à la nuance, Nuance ! La puissance du dialogue est un appel humble et intelligent au débat pour vraiment changer les choses.