Philosophe et naturaliste, homme d'affaires fortuné, Georges Louis Leclerc, comte de Buffon (1707-1780), fut comblé d'honneurs et statufié de son vivant. Fermement indépendant et peu sensible aux critiques, il édifia pendant près d'un demi-siècle ce monument littéraire et scientifique qu'est l'Histoire naturelle, le plus grand succès de librairie du XVIIIe siècle, dont l'ampleur et la documentation dépassent tout ce qui était alors concevable, n'hésitant pas à affronter les théologiens dans leur défense obtuse de la création de la Terre selon la Bible. En même temps, il occupa la fonction d'intendant du Jardin du roi, auquel il donna un rayonnement international en développant la richesse des collections, l'aménagement et l'agrandissement des lieux et en faisant appel à de prestigieux naturalistes, chimistes, médecins pour donner des cours publics.

Extrait de la célèbre Histoire naturelle du naturaliste Buffon, cet album présente une multitude d'animaux exotiques ou familiers, sauvages ou domestiques.

« Il ne s'occupe que des bêtes ; il faut l'être un peu soi-même pour se dévouer à une telle occupation. » En égratignant ainsi le « Pline de Montbard », Mme du Deffand ne pouvait pas savoir qu'elle pointait du doigt la profonde originalité de Buffon : au temps de la civilité des salons, il fut le premier à préférer tourner ses regards vers la nature. Non pas la nature des bergères et du hameau de la Reine, mais la vraie, celle de la campagne, des bois, des pierres, de la flore et de la faune. Issues de sa monumentale Histoire naturelle, ces pages nous racontent la vie des quadrupèdes sauvages que l'on peut croiser en Europe. Bien qu'un peu victime des préjugés de son temps, notamment sur le loup, et amateur de chasse, il nous tend le miroir fidèle des animaux dans leur milieu : dans les forêts, les eaux, les plaines, le cerf, la loutre et le castor croisent la route des animaux carnassiers, dont l'homme. Car quelle plus grande menace pour « ces animaux que nous appelons sauvages, parce qu'ils ne nous sont pas soumis » ? On découvre alors un penseur visionnaire, sensible à ces invisibles qui se dérobent, s'éloignent, s'enfoncent dans les bois, se creusent des demeures souterraines – et parfois presque des cités ! – pour fuir notre regard… et notre prédation.