Mémoires du XXe siècle Henri Chennebenoist a 34 ans lorsque, le 4 août 1914, la guerre le saisit et l'arrache à sa famille et à son commerce. Affecté à la 12e Compagnie du 14e Régiment Territorial, une formation composée d'hommes jugés trop vieux ou insuffisamment entraînés pour intégrer un régiment de première ligne, il passa la guerre dans la Somme, en Champagne où il resta un an, le Nord-Pas-de-Calais, en Belgique. Sa guerre, Henri Chennebenoist, la consigne, dès le premier jour, sur des carnets de poche. Consciencieusement, avec obstination, il note, consigne, apprécie, juge, condamne. Il nous livre, cent ans plus tard, un témoignage de première importance dans lequel se mêlent de fortes convictions : le devoir à accomplir, la fidélité à la patrie, mais aussi le doute que nourrit la lassitude, les corps défaits, éclatés, le vieillissement accéléré des hommes, la mort omniprésente. Cette guerre il faut la faire mais aussi la dénoncer, tel est le paradoxe. Sa guerre ne fut pas celle d'un planqué, mais celle d'un homme parmi des millions d'autres. Acteur et victime d'un conflit qui le dépasse, la guerre, cependant, n'enlèvera pas à Henri Chennebenoist, l'essentiel : son libre arbitre. Bien rangés dans des malles, puis égarés, au fil des déménagements et enfin retrouvés et exhumés de l'oubli, ces carnets apportent une pierre supplémentaire à la connaissance de ce qui fut une guerre totale.