Jordi Savall est l'artiste auquel on doit la redécouverte de Marin Marais. Il crée l'évènement avec cet enregistrement consacré à Alcione, l'opéra phare du musicien, l'une des ouvres les plus abouties créées pour Louis XIV. A la tête d'un Concert des Nations au sommet, les qualités auxquelles le maître nous a habitués parachève un parcours entamé il y a 50 ans pour révéler les joyaux du "Grand Siècle" français.

Un an avant son opus summum, Orphée et Eurydice, Gluck renouvelle déjà largement un autre genre musical, le ballet, en adaptant en 1761 une pièce de Molière pour le public viennois : Don Juan. Un autre ballet, Sémiramis, suivra l'année suivante : ces deux oeuvres innovent en cela qu'elles proposent une narration cohérente où toutes les ressources de l'orchestre sont mises au service de l'expressivité. Jordi Savall et le Concert des Nations en restituent toutes les couleurs et nous rappellent qu'un quart de siècle avant celle de Mozart, une autre statue du commandeur a hanté les scènes d'Europe avec toute la puissance d'évocation dont est capable la musique. Son ultime apparition sera d'ailleurs reprise dans Oprhée pour devenir le fort célèbre "air des Furies".

Après Haydn, Beethoven et Schubert, Jordi Savall poursuit son incursion dans le XIXeme siècle avec la Symphonie Italienne de Mendelssohn, compositeur quil grave pour la première fois au disque. Il livre les deux versions laissées par Mendelssohn, celle de sa création à Londres en 1833, puis la version révisée de 1834 dont les changements les plus notables concernent les trois derniers mouvements. La comparaison des deux partitions et linterprétation sur instruments dépoque permettent dapprocher au plus près le travail et les intentions de Mendelssohn dans ce qui reste encore aujourdhui sa symphonie la plus populaire, à redécouvrir sous la baguette du chef catalan.