Dans ce livre, les auteurs parlent de "Dieu à demi-mots, sur la pointe des pieds". Avec poésie, humour et émotion, ils retracent l'ouverture du concile Vatican II, ses déceptions et le "raidissement" qui a suivi. Ils évoquent aussi la fidélité, la liberté, le drame du Rwanda, le sida ... Cette conversation d'intellectuels de haut vol et de profonds humanistes se lit d'une traite. Avec délectaction.

Jamais Mgr Gaillot n'aura été aussi actif depuis qu'en 1995 il a été chassé de l'évêché d'Evreux. II s'est vu confier Partenia, diocèse fantôme disparu depuis le Ve siècle, et l'a transformé en un formidable forum Internet pour lequel il a rédigé nombre de " carnets de route ". Mais il fallait ce livre de réflexions, de constatations et de propositions pour qu'il brise franchement les tabous, ceux de l'Eglise, de la société et de tous les pouvoirs qui briment l'être humain, en France comme ailleurs. A soixante-quinze ans (en principe l'âge de la retraite pour un évêque), Jacques Gaillot reste immergé au quotidien dans l'enfer des déshérités et continue de s'engager aux côtés des sans-abri, des sans-papiers, des peuples sans terre et des victimes d'une morale désuète. Ses entretiens avec Elizabeth Coquart et Philippe Huet sont comme une réponse à ce que lui avait lancé l'abbé Pierre : " Prenez des risques, prenez des coups, mais ne vous taisez pas ! "

Invité à plus de retenue par la conférence épiscopale, Monseigneur Gaillot publie une partie des lettres de soutien qu'il a reçues en retour. Précédés d'un chapitre dans lequel il explique sa démarche à l'écoute de ceux que l'Eglise déroute ou rebute, ces témoignages variés et intéressants s'en prennent souvent à une Eglise jugée frileuse, figée et voulue plus proche de l'Evangile.

J. Gaillot révèle ce qu'il est en profondeur et s'inquiète en tant qu'évêque viscéralement attaché à l'Eglise qu'il veut attentive au monde, sans tabou et sans interdits, témoin auprès des croyants comme des incroyants. Ouvrage qui pose des questions.

Evêque du scandale pour les uns, missionnaire des temps nouveaux pour les autres, l'évêque d'Evreux explique ici très simplement le sens de son combat d'homme d'Eglise en cette fin de XXe siècle.