"J'aime aller sur les caps. Au bout d'un cap il y a la mer. Si l'on fait un pas de plus vers l'horizon on bascule dans l'eau. J'aime quand la mer est mauvaise. Ces jours-là, j'ai le choix de faire le pas ou non avec en plus le risque que la mer vienne me chercher. (...) Le Journal du voleur de Jean Genet est un cap, un jour de mauvais temps", écrit Baudouin. ©Electre 2020

Ces articles et entretiens, déclarations, préfaces et manifestes témoignent de l'extrême solitude du dramaturge, malgré son engagement sur la scène publique, de la Goutte d'Or à Chatila et des ghettos noirs de New York aux rives du Jourdain.

J. Genet évoque ici les souvenirs de sa détention à l'âge de seize ans à la colonie pénitentiaire de Mettray. C'est un document implacable sur ce bagne d'enfants et le roman de ces adolescents violents et passionnés, condamnés à vivre enfermés dans un univers clos et féroce.

François Sentein raconte dans les Nouvelles minutes d'un libertin, publiées aux mêmes éditions, sa rencontre avec un improbable voleur de livres, en particulier d'éditions originales des classiques, surnommé Corneille. Avec Jean Genet, alias Corneille, se noue très vite une relation amicale, et Sentein discerne immédiatement les capacités littéraires d'un jeune malfrat qui n'a jusqu'alors rien publié. Il lira tout le premier théâtre, détruit depuis, de Genet, et assistera à la composition de Notre-Dame-des-Fleurs qu'il corrigera et ponctuera. Dans les quelques années qui précèdent sa gloire littéraire, Genet est comme l'on sait menacé de relégation, et c'est de prison qu'il s'adresse surtout à Sentein, seul à l'aider ou presque, prenant soin des moindres demandes d'un ami plutôt exigeant. Annotées par Claire Degans avec l'aide de François Sentein, ces lettres offrent pour la première fois une vision directe, et extrêmement émouvante, des débuts d'un des plus grands écrivains de notre siècle.

Pendant 20 ans, l'auteur a cherché à vérifier les faits précis. Il a découvert un homme très différent du personnage légendaire, un homme que Genet s'est employé à masquer derrière ses livres.

Entre 1942 et 1948, Jean Genet fait paraître, en édition dite " hors-commerce ", cinq romans (Notre-Dame-des-Fleurs, Miracle de la rose, Pompes funèbres, Querelle de Brest et Journal du voleur) donnés par lui-même et ses proches comme " impubliables ", vendus clandestinement ou par souscription. Quatre d'entre eux ne comportent même pas de nom d'éditeur. Lorsqu'en 1951, les éditions Gallimard entreprennent la publication des uvres complètes de Genet, il ne paraît pas possible de présenter les textes dans leur version originale : on propose à l'auteur de procéder lui-même à la normalisation de ses écrits, tâche à laquelle il se plie avec tant de sérieux qu'il compromet parfois la cohérence de ses textes. Aujourd'hui encore, les éditions courantes de trois des principaux romans, ainsi que leurs traductions dans le monde entier, ne présentent que des versions expurgées.

Ces lettres, adressées par Genet à son éditeur M. Barbezat, couvrent la période 1943 (l'auteur de Notre-Dame des fleurs est alors en prison et totalement inconnu) à 1963. Une dernière lettre date de 1986. M. Barbezat évoque, enfin, quelques souvenirs

Les textes des interventions de Genet, ici rassemblées, témoignent d'un paradoxe : celui qui fut l'écrivain le plus solitaire fut aussi, durant les vingt dernières années de sa vie, l'un des plus présents sur la scène publique.

Pièce sur la légende d'Héliogabale, un très jeune prince romain. Le dramaturge aborde les thèmes de l'absence parentale, du travestissement, de l'homosexualité, de la trahison et de la déchéance. ©Electre 2024