Né à Saint-Dié dans les Vosges d'un père alsacien et d'une mère lorraine, Yvan Goll (1891-1950) a été toute sa vie «ballotté entre l'Est et l'Ouest, entre l'esprit du matin et le rêve du soir, entre la clarté de la raison française et le mystère de la nuit walpurgienne». Bilingue, il fut également amené, pendant son exil aux Etats-Unis, pendant la Seconde Guerre mondiale, à écrire en anglais. Ainsi ce grand poète du XXe siècle a-t-il «un cœur français, l'esprit allemand, le sang juif et un passeport américain». Le sentiment de l'exil, du déracinement, est sans doute lié à la vocation même du poète...

Figure alternative de la poésie française, Claire Goll a également marqué les esprits en faisant fi des conventions. Après une enfance difficile dans une famille très stricte, elle s'empresse de se marier pour gagner plus de liberté. Rapidement, elle divorce, et s'installe à Zurich. Durant la Première Guerre mondiale, elle participe au mouvement pacifiste. C'est alors qu'elle rencontre Yvan Goll, un poète français, avec qui elle s'installe à Paris en 1919, et commence à fréquenter des artistes dadaïstes, cubistes et autres surréalistes. Ensemble ils publient plusieurs recueils comme 'Poèmes d'amour', 'Poèmes de jalousie', ou encore une anthologie mondiale de poésie contemporaine intitulée 'Les Cinq continents' en 1922 - soit un an après leur mariage. La seconde guerre mondiale les contraint à fuir vers les Etats-Unis pour échapper à l'occupation allemande dès 1939. Claire Goll collabore alors à diverses publications. Quand son mari décède en 1950, elle décide de poursuivre leur oeuvre commune. Elle publie donc 'La Poursuite du vent' en 1976, les mémoires d'Yvan Goll, qui reste son ouvrage le plus remarqué. Elle y raconte les liens qu'elle a pu nouer au sein du milieu artistique, ce qui a pour effet de choquer l'opinion. Un an plus tard, elle s'éteint à Paris, arrivée au terme d'une vie des plus enrichissantes.