Grande figure du jazz européen depuis plus de 50 ans, Joachim Kuhn est un pianiste ouvert à de nombreuses expériences (du free à une musique quasi classique), surtout dans des petites formules (solo, duos, trios). On se souvient notamment de son fabuleux trio avec Jean-François Jenny-Clark et Daniel Humair et de ses nombreux albums et concerts en solo où l'improvisation est de mise, que la musique soit tempétueuse ou plus reposée. Dans ce disque en solo très intimiste et séduisant, gravé dans sa maison à Ibiza, il revisite sur son Steinway la musique de Beethoven, Bob Marley, Prince, Bill Evans, Milton Nascimento, Peggy Lee, la bande originale du Dernier Tango à Paris, et nous gratifie de très belles compositions qui touchent la corde sensible. Les climats sont paisibles et les développements harmoniques subtils et raffinés. Un disque de ballades inspirées et lyriques, d'une grande sensibilité, qui devrait réjouir tous les amateurs de piano solo.

Lyrisme écorché, art de la conversation élevé au rang de credo, il y a dans ce duo une capacité rare à s'abandonner aux vertiges de l'instant. Primauté du jeu, confiance dans l'instant, l'instinct, l'autre. Qu'ils convoquent la mémoire babélienne des standards, interprètent leurs propres compositions ou se livrent à des improvisations libres, ces amples plongées sonores gorgées de blues, ils se trouvent sur la même ligne de partage, portent loin leur désir de musique. Les deux musiciens se mettent en jeu, partagent, ils ont en commun l'approche, la maîtrise et l'énergie.