Affadissement des types humains, modes moches, vulgarité et inculture générales... la triste dégradation de nos conditions de vie a une conséquence paradoxale certaines de nos détestations d'hier se teintent parfois de nostalgie. Nos vieux ennemis idéologiques nous semblent plus sympas que nos alliés actuels. Ainsi la figure agaçante mais touchante de la "bourgeoise de gauche à l'ancienne".

Serait-ce la revanche de Claude Lévi-Strauss, l'anthropologue français hostile à "la civilisation en masse" produite en monoculture, "comme la betterave", sur Levi Strauss, le vendeur de jeans américain ? Tandis que le marché mondial marque le pas, de jeunes griffes françaises se remettent en selle. Avec succès.

Quiconque possède un chouïa de finesse psychologique ne peut manquer d'éprouver un haut-le-coeur en pénétrant dans l'antre professionnel de certains individus. Normal : les mètres carrés dévolus au salarié pour l'exécution de son taf quotidien sont bien davantage qu'un espace de travail. C'est son jardin secret, son côté obscur, son reflet intérieur...

Nous ne parlons là ni des tabasseurs d'enfants, ni des alcooliques stade 4, ni des cinglés du cacheton, ni des grands depressifs. Mais de ceux que les psychologues appellent les "personnalités difficiles" ou à "troubles relationnels"., troubles aggravés par l'enfermement et le contact exclusif de leurs proches. Ceux qu'en langage courant on nomme des emmerdeurs.

Débats oiseux, discours interminables, jacasserie télévisuelle, prime à l'oral dans les études, concours d'éloquence, multiplication des stand-up : l'actuelle promo des beaux parleurs dans l'espace public en dit long sur l'éradication des vraies pointures. DécadenCe, quand tu nous tiens !