La ville figure parmi les thèmes littéraires les plus riches, dans la poésie et, plus encore dans le roman. Chaque siècle à "sa" ville et l'écriture de la ville donne lieu à des procédés spécifiques : ainsi les "tableaux de Paris" dans la littérature française ou la figure du flâneur, de Baudelaire à Queneau... Ce numéro est l'occasion d'une collaboration entre chercheurs appartenant au domaine de la critique littéraire et spécialiste de sciences sociales ou de recherche architecturale. Il montre la complexité des relations entre l'écriture littéraire et le travail des sciences humaines

Si Stendhal n'a pas conservé les manuscrits de ses oeuvres imprimées, il a laissé une grande partie de son oeuvre, textes autobiographiques, romans inachevés, à l'état de manuscrit. Ici le manuscrit est le texte. Ce texte se présente comme un champ d'écriture où s'ajoutent notations marginales et interlinéaires et même dessins, dans un mouvement de création suscité par l'espace manuscrit lui-même. Cernant les stratégies d'écriture de l'écrivain sur le vif, les auteurs ouvrent dans ce livre des perspectives neuves sur l'originalité de la démarche stendhalienne et sur la réflexion théorique concernant l'étude des manuscrits.

Romans d'archives? Le titre indique ce qui fait rêver et travailler les collaborateurs de ce livre: le roman comme genre, l'ensemble de traces, le plus souvent écrites, qui le précèdent, c'est-à-dire son avant-texte, et à l'intérieur de ce dernier ensemble, un objet qu'on appelle document, que l'on verra se transformer peu à peu en monument, c'est-à-dire en texte romanesque. Dès lors qu'on envisage la relation du roman au savoir, à la culture, l'angle d'ouverture critique s'aggrandit, et les occasions d'aventures sont plus nombreuses, plus imprévisibles. Le document, dans sa transformation scripturale, devient un objet de passage, tantôt chose légère et ailée, tantôt masse industrieuse, tantôt trace impalpable, presqu'irrepérable. On le verra, nous l'espérons, en lisant les exemples et les conclusions qu'ils ont inspirées, il ne s'agit jamais de la source, mais du ruisseau, de la rivière, voire du fleuve d'encre dont s'irrigue l'écriture même du roman. Balzac, Flaubert, les Goncourts, Hugo, Claude Simon...les exemples auraient pu être multipliés encore. Mais ceux-là montrent bien, originalement chaque fois, combien l'invention romanesque peut s'épanouir dans l'imaginaire des documents.

Emma Rouault, adolescente, s'était bercée de rêves romanesques. Son mariage avec Charles Bovary, terne médecin de province, la confronte à une réalité prosaïque, dont elle cherche à s'évader par tous les moyens. Mais la maternité, l'ambition qu'elle nourrit pour Charles, le goût des belles choses qui l'entraîne à la dépense ne peuvent satisfaire cette jeune femme qui étouffe dans la société étriquée d'une petite ville normande dominée par la plate figure du pharmacien Homais. Si l'amour est son ultime espérance, sa soif d'idéal, de beauté, de grandeur, l'accule à un point de non-retour. L'histoire d'Emma Bovary, qui valut un procès à son auteur en 1857, s'inscrit dans un univers ordinaire, minutieusement dépeint par l'écriture très maîtrisée de Flaubert. Tout son art se déploie dans ce drame psychologique aux couleurs réalistes.Nouvelle édition préfacée, annotée et commentée par Jacques Neefs.

Emma Rouault, adolescente, s'était bercée de rêves romanesques. Son mariage avec Charles Bovary, terne médecin de province, la confronte à une réalité prosaïque, dont elle cherche à s'évader par tous les moyens. Mais la maternité, l'ambition qu'elle nourrit pour Charles, le goût des belles choses qui l'entraîne à la dépense ne peuvent satisfaire cette jeune femme qui étouffe dans la société étriquée d'une petite ville normande dominée par la plate figure du pharmacien Homais. Si l'amour est son ultime espérance, sa soif d'idéal, de beauté, de grandeur, l'accule à un point de non-retour. L'histoire d'Emma Bovary, qui valut un procès à son auteur en 1857, s'inscrit dans un univers ordinaire, minutieusement dépeint par l'écriture très maîtrisée de Flaubert. Tout son art se déploie dans ce drame psychologique aux couleurs réalistes.Nouvelle édition préfacée, annotée et commentée par Jacques Neefs.

Une jeune femme romanesque à l'excès, immergée dans son rêve éveillé du romantisme, tente d'échapper dans un vertige grandissant à l'ennui de la province, la médiocrité de son mariage et la platitude de sa vie. Quand Flaubert publie ce livre en 1857, toute la nouveauté du roman réside dans le contraste entre un art si hautement accompli et la peinture d'un univers si ordinaire. L'écriture transfigure la vie, mais s'y adapte si étroitement qu'elle la fait naître sous nos yeux.