En 1943, après la capitulation de l'Italie, le train mène Rudi Leban à Trieste. En toile de fond, la monarchie italienne s'écroule en même temps qu'est fondée la République. Rudi fuit les Allemands qui enrôlent les soldats italiens en déroute dans l'armée allemande d'occupation. A Trieste, il se réfugie dans l'arrière-pays, le lieu de résistance slovène.

C'est étrange, il me semble que les touristes qui regagnent leurs véhicules m'observent comme si, soudain, une veste recouvrait mes épaules, comme si mes galoches écrasaient encore les cailloux du chemin. Car si nous ne savons pas comment s'établit en nous le contact entre passé et présent, il n'en est pas moins vrai qu'un fluide imperceptible et puissant nous traverse parfois et que la proximité de cette atmosphère inhabituelle, insolite, fait tressaillir les autres comme une barque sur une vague soudaine. Il est peut-être resté sur moi quelque chose des jours d'autrefois. Quarante ans après sa déportation dans le camp de concentration de Struthof, un Slovène, mêlé à la foule anonyme des touristes, revient sur les lieux de son martyre. Ce récit convoque, avec pudeur et humanité, des souvenirs douloureux. Au-delà du témoignage, ce livre est aussi un hymne à l'espérance.

Au printemps 1945, Radko Suban, rescapé des camps de la mort, tente de réapprendre à vivre dans un sanatorium. Ancien étudiant en théologie, la sanglante absurdité de l'histoire l'a éloigné de ses convictions. Arlette, une infirmière française, l'aide pourtant à retrouver les gestes du quotidien et à reprendre goût à la vie.