60 ans, 40 ans de carrière... et pourtant pour la première fois depuis 20 ans, le pianiste légendaire Ivo Pogorelich retourne en studio et signe, pour son arrivée chez Sony Classical, un album construit autour de deux Sonates de Beethoven (22 et 24), et de la Sonate pour piano N°2 de Rachmaninov. Pogorelich est une légende et un électron libre. Sans avoir quitté la scène, une aussi longue absence au disque rend cet événement réellement important dans toute la sphère musicale classique. Enfant terrible de l'école de piano russe, très respecté de ses pairs, il a mené toute sa carrière chez Deutsche Grammophon, incontrôlable, avec des moyens superlatifs, des partis-pris musicaux souvent tranchés, ayant gravé assez peu mais de façon très marquante : de Scarlatti à Gaspard de Ravel, de Prokofiev à Liszt. Il avait débuté dans le souffre, en réussissant à brouiller le très académique jury du prestigieux Concours Chopin de Varsovie : la Reine et présidente du jury cette année-là, Martha Argerich, en avait même quitté son poste devant la réticence des autres membres à sacrer haut la main ce jeune génie. Il a commencé avec un scandale, et est resté toute sa vie dans le remue-méninges. Son nouveau programme marque les transitions modernistes dans l'écriture des deux compositeurs visités. (Electre)