Sexualité, religion, liberté des femmes... Depuis une dizaine d'années, du Maghreb au Moyen-Orient fleurissent des collectifs de dessinateurs audacieux. Les travaux d'une cinquantaine d'auteurs représentatifs de ce bouillonnement de la BD arabe sont réunis à l'occasion du Festival d'Angoulême 2018. Une révolution graphique aussi urgente qu'incertaine tant elle défie la censure et le conservatisme.

Témoignages à la première personne, récits fouillés, reportages... La bande dessinée s'est emparée de la crise migratoire. L'exposition "Réfugiés" du festival Lyon BD rend compte de la diversité de cette production. Et souligne sa puissance : le 9e art parvient à sortir le sujet de sa banalisation médiatique.

S'il doit sa notoriété à un album érotique, "Le Déclic", paru en 1983, le dessinateur a développé, en près de cinquante ans de carrière, une oeuvre bien plus variée que ses fameuses héroïnes aux poses lascives. A 73 ans, l'Italien publie le second tome de sa biographie du Caravage, et le Festival de bande dessinée à Angoulême lui consacre une rétrospective.

Connue pour ses romans graphiques "Gemma Bovery" et "Tamara Drewe" adaptés au cinéma, Posy Simmonds épingle, dans "Cassandra Darke", le milieu britannique conservateur. Commencé avant le Brexit, ce portrait, caustique d'une vieille galeriste londonienne, avare et acariâtre pointe avec humoiur les fractures de la société anglaise.

Longtemps confidentiel, le dessinateur et scénariste de BD Jean-Marc Rochette publie un préquel au "Transperceneige", la série d’anticipation qui l’a fait connaître. Ce passionné d’alpinisme vient aussi de faire paraître "Le Loup", âpre récit de la lutte entre un berger des Alpes et le prédateur de son troupeau.

Dans "La Fissure", Carlos Spottorno et Guillermo Abril ont mêlé les langages de la photo et de la BD pour raconter l'exil migratoire aux portes de l'Europe.

Le dessinateur Guillaume Long et la cuisinière Sonia Ezgulian ont concocté un livre de cuisine à quatre mains. Et mêlé leurs savoir-faire.

Hissé au rang de prodige de la bande dessinée dès 2008 avec "Le Goût du chlore", le prolifique Bastien Vivès est un éternel chroniqueur de l'adolescence. Dans "Une soeur", le dessinateur de 33 ans explore la naissance du désir dans des corps en transformation.

L'auteur du best-seller de la littérature lesbienne "Le bleu est une couleur chaude", adapté au cinéma sous le titre "La Vie d'Adèle", publie avec Sabrina Calvo un nouvel opus résolument queer, "Hacker la peau". Récit de l'oppression anti-LGBT en écho à la transition que l'artiste vit depuis 2018 dans tous les pans de son identité.

Depuis “Le Goût du chlore”, publié en 2009, Bastien Vivès était l’enfant chéri de la bande dessinée française. Sur le point d’être célébré lors de la dernière édition du Festival d’Angoulême, le bédéiste star a subi un violent retour de bâton, rattrapé par des propos obscènes à l’égard d’une dessinatrice et accusé de banaliser l’inceste et la pédopornographie à travers trois de ses albums. La polémique a mis en évidence l’ambivalence d’un auteur à la fois sensible et sans filtre. Génie créatif ou provocateur malsain ?