Carnets tenus au jour le jour, par un jeune instituteur creusois confronté à la Grande Guerre de 1916 à 1918.

L'oeuvre de Marcel Jouhandeau, souvent admirable, captivante, irritante parfois, scandaleuse pour certains, n'a jamais conquis le grand public. Le tirage de ses livres ne lui a jamais assuré que la reconnaissance admirative de ses pairs - de Gide à Cocteau en passant par Jean Paulhan, son constant soutien. Au-delà, il n'a attiré l'attention des chroniqueurs que par une réputation sulfureuse agrémentée par des scènes de mésentente conjugale, savamment orchestrées. Autrement dit, comme s'en plaignait Cocteau, il a été "dévisagé" plutôt qu' "envisagé". Il reste que cette oeuvre, l'une des plus intimistes, voire narcissiques, de la littérature du XXe siècle, s'impose par son indépendance d'esprit - malgré quelques coquetteries d'attitude -, et par la profondeur de ses vues sur la nature humaine. Malgré un bel essai de José Cabanis en 1959, il manquait une vue d'ensemble sur Jouhandeau. C'est à ce besoin qu'a répondu Jacques Roussillat en retraçant, avec une remarquable minutie, le parcours de l'écrivain. Cette première biographie, qui repose sur une documentation élaborée, est menée avec une circonspection méthodique - l'auteur est médecin -, un bon sens vigoureux, et non sans une éventuelle sévérité, pour remettre en ordre ce que l'écrivain s'attache parfois à transmuer en mise en scène.