Les débutants, et même les joueurs exercés, terminent la phase du développement avec une certaine anxieté. Leurs connaissances, acquises soit par l'expérience, soit dans les manuels, se limitent généralement aux ouvertures et ne les aident pas à résoudre les nouveaux problèmes qui se présentent à eux. Chaque coup possède en effet des points forts et des faiblesses et un plan s'impose pour faire valoir les uns et profiter des autres. Mais sur quelles bases l'établir. La complexité du sujet semble défier toute analyse, et cependant, grâce à un choix judicieux d'éléments simples, l'ancien champion du monde, Max Euwe, a su, non pas donner des formules toute faites, mais dégager des principes applicables aux positions les plus diverses.

L'ouverture est une science, la finale une technique. Il est possible d'en acquérir une connaissance approfondie par une étude appropriée. Mais peut-on apprendre le milieu de jeu? C'est la phase de la partie où l'imagination se donne libre cours. Stratégie et tactique s'y mêlent, la première répondant à la question "Quoi?" et la seconde à la question " Comment? ". La stratégie s'apprend : comment disposer ses pièces aux mieux et les manoeuvrer en étroite collaboration en suivant un plan, l'art d'avancer les pions, de reconnaître les forces et les faiblesses des deux camps, de percer à jour les intentions adverses, d'attaquer mais aussi de se défendre. C'est finalement le domaine le plus complexe où l'expérience joue un grand rôle. C'est le jardin à la française de la partie d'échecs. La tactique, c'est le jardin à l'anglaise, une véritable jungle où tout éclate à profusion, où se révèle l'imagination à l'état pur : attaques fulgurantes, combinaisons de toutes sortes, sacrifices brillants... Dans ce deuxième volume de sa "Théorie Elémentaire", le Grand-Maître Ludek Pachman nous enseigne de façon claire et précise les règles générales de la conduite de la partie. Les combinaisons de mat typique, les éléments de la tactique comme l'attaque double, la fourchette, le clouage, le pion passé, etc. , l'attaque et la défense : comment établir un plan ; la valorisation des pièces, les pions : tout est passé en revue et illustre de nombreux exemples tirés de la pratique actuelle et de toujours.

Le début de partie, c'est le stade délicat où toutes les pièces sont encore sur l'échiquier, et où il convient de trouver son chemin dans une véritable jungle de variantes et de sous-variantes. La théorie des ouvertures est là pour guider le joueur, grâce à l'expérience acquise par des siècles de pratique universelle. Mais son étude passe non sans raison pour ardue. Jadis, de petits ouvrages suffisaient à contenir les ouvertures connus. Près de mille pages seraient aujourd'hui nécessaires pour faire un tour complet de la "Défense sicilienne". Pareille étude est interdit au modeste amateur qui na ni le temps, ni, il faut l'avouer, les moyens intellectuels d'aborder un domaine aussi vaste. Et pourtant, afin de pratiquer ce jeu avec quelque bonheur, sans être obligatoirement un "fort en thème", il faut connaître un minimum de "théorie" pour jouer les débuts avec une certaine correction que la seule pratique ne peut suffire à apprendre. Pour mettre la théorie des débuts au niveau de l'amateur, il fallait faire oeuvre de véritable vulgarisation scientifique. C'est la tâche qu'a entreprise le Grand-Maître Ludek Pachman. Son livre sur les ouvertures constitue une véritable initiation destinée non seulement au débutant qui n'a guère depassé le stade de la marche des pièces, mais aussi au joueurs déjà formé. Tous les débuts sont abordés avec clarté et concisions, les plans qui s'y rapportent sont définis à l'aide de parties complètes qui en rendent la lecture et l'assimilation aussi aisées qu'attrayantes.

En dépit d'une aridité apparente, la Théorie des Ouvertures est l'un des domaines de prédilection du joueur d'échecs. Débutant ou expert, il se plonge dans l'étude de ces textes "sacrés", poussé par le besoin de savoir, d'expliquer ses défaites et d'acquérir les moyens de vaincre. Il exerce parfois sa mémoire à retenir des variantes à la mode, mais aussi (ce qui est la bonne façon d'opérer) il s'efforce de comprendre les règles qui régissent la mise en jeu des pions et des figures et portent en elles les germes du succès ou de l'échec. C'est que le débutant, dès ses premières parties, et tout joueur d'échecs, dès qu'il affronte un adversaire plus expérimenté, comprennent qu'ils ne pourront obtenir des résultats qu'en étudiant les ouvertures. Un jeu faible dans ce domaine ne pardonne pas , et le joueur qui connait mieux que son partenaire le début qu'il joue, part avec un avantage souvent décisif.