Nous ne sommes pas d'ici est une autobiographie singulière. Et aussi le récit d'une pensée en mouvement. Celle qui permet à Michel Le Bris de créer le festival «Etonnants Voyageurs» à Saint-Malo et de le projeter aux Etats-Unis, en Haïti, à Sarajevo, à Dublin, à Bamako, à Haïfa, d'écrire essais, récits de voyages et romans, d'avoir été à la fois ancien élève d'HEC et directeur de La Cause du Peuple (ce qui devait lui coûter huit mois de prison), créateur avec Jean-Paul Sartre de la collection «La France Sauvage», cofondateur de Libération et grand amateur de jazz, d'arpenter les paysages et les pages de Stevenson, de proposer une théorie nouvelle du romantisme allemand, en goûtant la contradiction qu'il y aurait à aimer tout ensemble Novalis et Chandler, Jack London et Jean-Paul Sartre, Philip K. Dick et Nicolas Bouvier (dont il aura été l'éditeur), Malraux et Chester Himes, le grand large et l'asphalte, la Bretagne granitique et le New York des époux Johnson dans La Beauté du monde. D'où vient son énergie ? D'être né en Bretagne, répond-il, dans l'émerveillement du poème du monde - et d'y avoir été, aussi, cet enfant pauvre d'une mère employée chez le châtelain local, qui rêvait de l'ailleurs et allait prendre sa revanche. Mais une revanche littéraire. Ce qui anime chaque page ici, c'est l'amour fou de la littérature. Né en Bretagne en 1944, romancier, essayiste, Michel Le Bris est l'auteur de plusieurs livres chez Grasset dont L'Homme aux semelles de vent (1977), La Beauté du monde (2008), et chez Gallimard d'un collectif, Pour une «littérature-monde» (2007).

Pour faire toute la lumière sur ses racines, E. Barillé décide d'entreprendre un voyage en Russie où son grand-père maternel était né et qu'il a quittée en 1919, mais aussi le pays natal de Lou Andreas-Salomé. En suivant la trace de ses deux mentors, elle parcourt la Russie de Saint-Pétersbourg à Moscou, la Volga et Koursk et dénoue en même temps les fils de la légende familiale.

« Je savais aujourd'hui que les barrages contre les océans, les forts de résistance, les murs d'Hadrien en sable, les lignes Maginot de coquillages, ces discrets autels de l'enfance dédiés à la bataille, demeuraient, le plus innocemment du monde, ce que l'on avait trouvé de plus juste pour rappeler la mémoire des hommes perdus à la guerre, non pas seulement au sens statistique des pertes, mais au sens d'égarés. Les égarés, les combattus. Et que cela concernait, plus largement, l'ensemble des hommes qui nous avaient précédés, les pères, évidemment, en premier lieu. »

De la presse Lazareff à la fondation de L'Express, Jean Ferniot a croisé tout ce qui a un nom dans la politique et dans la culture. Ses souvenirs font revivre plusieurs générations et plusieurs Républiques, mais également, ses années de jeunesse et d'apprentissage, ses amours, ses tentations mystiques... Journaliste, Ferniot est aussi essayiste et romancier.

L'auteur raconte comment son père l'a initié à la pêche. Captivé par la rivière, il fait partager l'émotion de ses premières prises. Devenu adulte, il apprend aussi à observer et à comprendre le langage silencieux des poissons.

Louis Begleiter est né dans l'est de la Pologne (et aujourd'hui en Ukraine). Il est le fils unique d'un médecin juif. À partir de 1941, sa mère et lui parviennent à survivre en prenant des identités de catholiques polonais et en se cachant dans des endroits différents : Lwów, Varsovie, Cracovie, pour échapper aux recherches. Son père, est lui contraint de fuir en compagnie de l'Armée soviétique à la suite de l'invasion de la partie est de la Pologne en 1941 et se réfugie à Samarcande en République socialiste soviétique d'Ouzbékistan. Louis Begley a émigré aux États-Unis avec ses parents en 1946. Il grandit dans le quartier de Brooklyn à New York. Avocat, diplômé de Harvard en 1959, il vit à New York. Son premier roman, Une éducation polonaise, a obtenu le prix Médicis en 1992. Il est inspiré par ses souvenirs d'enfance. Il relate l'histoire d'un enfant juif qui vit caché dans Varsovie occupée par les nazis sous une fausse identité. Louis Begley est passionné par Franz Kafka à qui il a consacré un essai The Tremendous World I Have Inside My Head, essai dans lequel il explore la biographie et le monde narratif de Kafka. Il est marié à Anka Muhlstein, écrivain française. Son fils, Peter Begley, peintre et sculpteur, vit à Paris avec ses deux autres enfants.

Nicole et Françoise ont quinze ans. Au cours de l'hiver 1943, Nicole est internée à Drancy d'où elle écrit à son amie de collège des lettres magnifiques. Puis elle disparaît. Bientôt, c'est la rentrée scolaire. Françoise se fait une nouvelle amie, et oublie Nicole. Françoise consacre sa vie entière à l'édition et à l'écriture... jusqu'au jour où le visage de son amie revient la hanter. Flou. Enfantin. Une jeune fille à lunettes, espiègle, passionnée de lecture : Nicole Alexandre, déportée à Auschwitz par le convoi du 20 novembre 1943. Voici le livre de l'oubli et de la mémoire.

André Chamson (1900-1983) a traversé le vingtième siècle qu'il a marqué par son œuvre longue et continue comme par son implication d'intellectuel. Sa personnalité éveille l'intérêt aussi bien des littéraires que des historiens. Les regards croisés livrés par ce livre permettent d'appréhender quelques-unes de ses facettes : en ouverture, la figure du père, telle que la garde dans sa mémoire Frédérique Hébrard puis, s'entremêlant, le romancier qui passe des récits courts aux longues suites romanesques de la maturité, le poète félibre, l'intellectuel qui s'engage dans le débat civique des années 30, le pacifiste devenu résistant qui part à la reconquête de l'Alsace-Lorraine avec Malraux, le grand commis de l'Etat nommé Conservateur puis Directeur général des Archives de France, le membre de l'Académie française et de l'Académie de Nîmes. Il ne faut pas oublier la figure du Cévenol protestant, fidèle aux valeurs de ses ancêtres camisards, au centre desquelles se trouve le fameux Résister de Marie Durand qui illumine le prémonitoire Discours au Désert de 1935

Jérôme Clément est président d'Arte. Il est l'auteur de : Un homme en quête de vertu (Grasset, 1992), Lettres à Pierre Bérégovoy (Calmann-Lévy, 1993), La Culture expliquée à ma fille (Seuil, 1995), Les Femmes et l'amour (Stock, 2002).

A qui a reçu le don d’écouter, quelques récompenses sont promises. Louis Nucéra possède ce don auquel s’ajoute celui d’une bienveillance sagace puisqu’elle exclut de sa nébuleuse les impostures, seraient-elles des plus masquées. Porté à magnifier des êtres d’une belle élévation, ce romancier des humbles raconte comment, d’abord téléphoniste à seize ans dans une banque, il a été amené à rencontrer, au fil des ans et des chemins de la vie : Kessel, Cocteau, Picasso, Cioran, Nabokov, Monfreid, Henry Miller, Brassens, Gary, Brel, Boudard, Félix Leclerc et d’autres que le poids de l’existence oppresse parfois mais que l’écriture, la lecture, la solitude subliment. Certains devinrent ses amis. Cocteau l’appela « le donneur de sang » ; Kessel « le cœur pur » ; Brassens « l’honnête homme ». Ils sont tous là, rendus vivants par la magie d’un observateur chaleureux et d’un styliste de haute tenue car, respectueux des hommes, Louis Nucéra garde pour la littérature un amour transi d’adolescent. Les livres aussi sont « ports d’attache ». Il était une fois à Nice un petit garçon qui grandit dans la vénération de sa mère. Cette présence tutélaire n’a cessé de l’escorter. Ainsi n’abdique-t-on jamais ses origines. Une mémoire infaillible a fait le reste.

4ème de couv. : "Nécessité de partir là-bas. D'y retourner. Là-bas : l'Algérie, Alger. Pourquoi ? Il me semble que toutes les réponses que je donnerai maintenant à ce pourquoi seront insuffisantes. Les racines, le souvenir, la mémoire, l'enfance, la jeunesse...bien sûr. Mais quoi encore ? Ce que je vais chercher n'appartient pas, je crois, à l'ordre de la raison. Non, c'est quelque chose qui vient de la terre, du ciel et de la mer que je veux rejoindre, quelque chose qui, pour moi, ne se trouve que dans cet endroit précis du globe terrestre. Je suis, actuellement, incapable d'imaginer ce que c'est. Peut-être des creux, des tourbillons liquides, des vides, où, au long de mon enfance et de mon adolescence, je m'engloutissais. Bruissement sec des feuilles d'eucalyptus agitées par le vent du désert. Tintamarre des cigales. La sieste. La chaleur fait bouger le paysage. Rien n'est stable, tout est éternel. Le ciel est blanc. Pourquoi est-ce que je vis ? Qu'est-ce que c'est que la vie ? Vivre ailleurs que là a changé pour moi le sens du mot vivre. Depuis il n'y a plus pour moi que labeur, vacances, lutte. Il n'y a plus d'instants où, sans restriction, je suis en parfaite harmonie avec le monde. M. C. "

4ème de couv. : Je l'ignorais moi-même avant d'écrire ces pages, mais longtemps, très longtemps, j'ai vécu en sursis. Comme si je devais retourner un jour dans la maison et retrouver les miens... Les combats que je livrais, les joies mêmes que j'éprouvais, les amitiés que je nouais, rien au fond ne pouvait être définitif. J'étais dans le provisoire et l'attente. La nuit m'entretenait dans cette illusion puisque mes rêves, inlassablement, me transportaient sur les lieux de mon enfance, parfois même, sur cette terrasse, symbole de toutes les protections, abri de toutes les promesses, alibi de toutes les fuites. Cela devint habituel, presque routinier, au point que le soir, allant me coucher, et sachant que j'allais retrouver les miens, je savourais par avance cette réinsertion dans ma vérité. Sur ma terrasse, en rêve, je trouvai mon refuge et ma source. »

De Pierre Laval à Anna Seghers ; de Paul Valéry à Guy de Maupassant ; de Daladier à Picasso ; de Saint-Pol Roux à Léon Blum ; du colonel de La Rocque à Lénine et bien d'autres encore. Né comme finissait le XIXe siècle, André Wurmser, romancier, nouvelliste, balzacien, critique, essayiste, polémiste, pamphlétaire, écrit chaque jour un billet dans {l'Humanité} depuis vingt-cinq ans (record du monde). Il a été l'ami de grands poètes, l'ami ou l'adversaire d'hommes politiques de divers formats. Quoiqu'il ait son franc-parler, comme le constatera le lecteur, il partage avec des centaines de milliers des siens ce qui, à lire certaine presse, pourrait passer pour une originalité : il est fidèle à sa pensée, à son parti, à ses amis, aux hommes. Fidèlement vôtre.

Clara fut la première femme d'André Malraux. Clara fut la première femme d'André Malraux. Rebelle et passionnée, elle évoque ici leurs années de vie commune de 1936 à 1940...

Clara fut la première femme d'André Malraux. Clara fut la première femme d'André Malraux. Rebelle et passionnée, elle évoque ici leurs années de vie commune de 1927 à 1935

4ème de couv. : "Alain Delon en casseur de quatre-chevaux sous le tunnel de Saint-Cloud, les travestis de l'Alcazar, Berl et la mort de Drieu, Morand pêchant sur le lac de Genève, Audiard dans sa Ferrari et Gabin devant son cassoulet... Voici les Mémoires princiers et désinvoltes d'un homme qui totalisait en 1972, à trente-huit ans, plus de cent dialogues de films, quatre enfants, deux mariages et dix-neuf voitures rapides. Et qui mourut un jour d'été 1980, d'avoir brûlé sa vie, âcre et rougeoyante, comme une cigarette dans la nuit. "

Un roman sous la forme d'un exercie littéraire. L'auteur dresse les portraits, classés par ordre alphabétique, des femmes qu'elle a désirées ou aimées et auxquelles elle repense chaque jour. Au gré des rencontres, elle décrit les mécanismes du désir sexuel et des rencontres amoureuses. (Livres Hebdo)

Après avoir, pendant vingt ans, connu aux côtés d'André Malraux une vie d'amours et d'aventures, Clara Malraux, juive, se retrouve seule et mère d'une enfant fragile au lendemain de l'armistice. Elle nous raconte sa lutte clandestine, ses combats...

L'auteur raconte ce qu'il doit à l'opéra, au ballet, aux séductions de la mondanité... Voici, de 1950 à 1970, le portrait d'une époque par un intellectuel passionné, avide de la vie vécue comme un art. Le livre, de surcroît abonde en confidences, en révélations...

Mémoires des années 1940-1955. La résistance à la guerre, à l'Occupation, sera de rêve et de musique, dans "l'oeuf magique de la littérature". L'écrivain y mène sa "réforme intérieure", fuyant les doctrines pour "habiter au plus profond de soi sur une île ou sur une étoile".

Pierre de Boisdeffre descend, par son père, d'une famille de notables berrichons, les Néraud (Jules Néraud, dit {Le Malgache}, fut un grand ami de George Sand), et par sa mère du général de Boisdeffre, chef d'Etat-Major des armées au moment de l'Affaire Dreyfus et négociateur de l'alliance franco-russe. Enarque de la première génération, il poursuivit une carrière de haut fonctionnaire un peu atypique parce que, dès ses vingt ans, le jeune Boisdeffre était entré en littérature. Passé par l'Education nationale, les Beaux-Arts, les Affaires étrangères, l'ORTF, il terminera sa carrière de diplomate comme ambassadeur en Uruguay, en Colombie et auprès des Communautés européennes à Strasbourg. Subversif et polémique, Boisdeffre raconte ses expériences professionnelles et littéraires avec une grande liberté de ton. Il n'hésite pas à égratigner. Et comme il a rencontré "tout le monde"...du général de Gaulle à Malraux, de Mauriac à Claudel, toute une France politique et littéraire des années 50 à 70 revit dans ce livre provisoirement arrêté à la grande fracture de 1968.

L'auteur brosse des portraits en une galerie qui assemble M. Yourcenar, A. Fraigneau, M. Jouhandeau, A. Dumézil. Outre les portraits, l'avide lecteur retiendra l'éloge de la mondanité, la définition d'un art de vivre et une somptueuse célébration de l'imaginaire

Claire Sainte-Soline (18 septembre 1891- 14 octobre 1967), romancière française a écrit à la fin de sa vie ses mémoires d'enfance et de jeunesse sous le titre "Les années fraîches".

Nous sommes en 1920. A la gare de l'Est, une jeune homme prende l'Orient-Express vers Vienne et Budapest. Plus qu'un simple voyage, ce départ est pour lui une "véritable entrée dans la vie". Agé de vingt-trois ans. Jean Mistler abandonne la carrière universitaire qui semblait l'attendre en France pour se jeter dans l'inconnu. Envoyé en Hongrie comme professeur, il est bientôt nommé attaché culturel à la Légation de France à Budapest. Soixante ans plus tard, l'auteur se rappelle ces années-charnières où son existence prit une autre direction : il assistera à la fin d'une époque, à l'écroulement de la plus vieille monarchie d'Europe, celle des Habsbourg...

4ème de couv. : "Entre l'enfant penché sur l'alphabet, dans la nursery de la rue du Temple, à Angers, et les différents êtres en qui différents âges m'ont transformé, me voici, avec mes idées, mes humeurs, mes émotions, mes aveux, mes silences, mes contradictions, mes traits de caractère - et mille anecdotes. Mon autobiographie, en quelque sorte... Oui, mais sous une forme un peu spéciale. Celle de l'abécédaire. N'ayant jamais tenu de journal, au sens strict, mais depuis des années jeté des notes dans un cartonnier, j'ai pensé qu'elles ne relevaient ni du temps mobile du calendrier ni d'un "temps immobile" mais d'un classement alphabétique. De A à Z. De A, je suis loin. De Z, je m'approche. Voici, par le biais d'un lexique, une bonne part de ma vie. H.B. "

Volet complémentaire du récit initié dans Les hommes qui marchent, cet ouvrage par l'alternance de chapitres intitulés ici ou là-bas fait s'entrecroiser deux époques chères à l'auteure, celle de son enfance en Algérie et celle de sa vie actuelle en France, avec comme constante, ses problèmes d'insomnie.

Un homme, grec: Alekos Panagoulis, qui tenta de tuer en 1968 Papadopoulos, chef de la junte militaire au pouvoir depuis plus d'un an, et fut torturé, condamné à mort, puis gracié contre son gré après cinq ans de prison. Elu député après la chute des colonels, il s'acharnera à prouver les liens du ministre de la Défense avec les dictateurs. Mort en 1976, à trente-huit ans, dans un très mystérieux accident de voiture... Une femme, italienne: Oriana Fallaci, écrivain, reporter, de réputation mondiale, qui vécut les trois dernières années de Panagoulis à ses côtés. Un livre, succès international: roman-vérité, roman policier, lettre d'amour déchirante et rageuse, qui révèle le destin exemplaire et tragique d'un poète terroriste, militant de l'impossible.

Si l'"Abandon" était l'émouvant récit d'une fin d'enfance, "Combat" est le renom de l'adolescence. Le foyer familial disjoint, ses parents séparés et sur le point de divorcer, le jeune Henry de Monfreid doit quitter Paris pour un lycée de province. Et il est déchiré de toutes parts. Entre son amour pour sa mère - une mère peut-être un peu trop austère, d'une dignité un peu trop parfaite - et son admiration pour un père brillant et léger, combat. Combat, aussi, contre lui-même, contre sa nature réfractaire à l'aveugle soumission du troupeau, combat entre une vanité encore enfantine et les menues et terribles humiliations de la vie d'internat. Et combats de la sensualité naissante, des toutes premières amours... Tout cela, c'est l'envers de l'aventure, mais c'est aussi le prélude à l'aventure. Car c'est dans les couloirs et les dortoirs lugubres du lycée de Carcassonne que Henry de Monfreid, vers 1895, a pris vraiment conscience du prix de la liberté, qu'il a pressenti et rêvé la vie aventureuse qui serait la sienne. De cet " internement " est né aussi, chez lui, le sens de l'observation, le go-t des personnages types, un peu hors série. Ici, comme d'ailleurs dans tous les récits de Monfreid, abondent les croquis aigus et pleins d'humour de ses professeurs, de camarades, de gens de rencontre. Et certains ne sont pas loin d'atteindre à l'allure et au trait balzaciens.