Né en Algérie française parce que son père y effectue alors son service militaire, Grégoire Bouillier regagne avec ses parents la métropole dès l'âge de trois semaines et ne quittera plus Paris2. Après de nombreuses errances durant lesquelles il se retrouve successivement à la rue, puis employé de bureau dans une agence de presse, il devient peintre et journaliste. Ses récits autobiographiques ne contiennent ni éléments fictifs, ni forme romanesque ; l'ambition qu'y exprime l'auteur est de proposer un « rapport » sur le réel, poétique distinguant Grégoire Bouillier du mouvement de l'autofiction. Placés sous la tutelle poétique de Michel Leiris et jouant sur le thème de l'inventivité de la vie, ses livres ont par ailleurs été bien accueillis par la critique3. Il a été traduit aux États-Unis, en Italie, en Espagne, en Allemagne et en Israël.

Jordi Savall est l'artiste auquel on doit la redécouverte de Marin Marais. Il crée l'évènement avec cet enregistrement consacré à Alcione, l'opéra phare du musicien, l'une des ouvres les plus abouties créées pour Louis XIV. A la tête d'un Concert des Nations au sommet, les qualités auxquelles le maître nous a habitués parachève un parcours entamé il y a 50 ans pour révéler les joyaux du "Grand Siècle" français.

Jordi Savall explore les répertoires de lOrient au disque depuis plus de 15 ans, voyant dans léchange entre les musiciens loccasion dun rapprochement entre les peuples et les cultures.Dans ce nouvel album, son ensemble historique Hespèrion XXI joue aux côtés des musiciens de lensemble Orpheus 21, quil a fondé dans le sillage tragique de la guerre en Syrie avec des musiciens de tous horizons, pour montrer que la migration ne devait pas être exclusivement perçue sous la forme dune crise et pour attirer lattention sur la dignité partagée par tous.Lidée, prégnante au Moyen ?e, dune lumière qui viendrait de lOrient (ex oriente lux) se trouve actualisée dans cet album fait de similitudes surprenantes et de rencontres fructueuses entre les répertoires en provenance de Syrie, du Bangladesh, du Kurdistan, dAfghanistan, de Grèce, du Liban, dIrak, du Maroc, de Tunisie et de Turquie.

Dans ce premier album solo, en tant que chanteuse et harpiste, Arianna Savall accompagnée de sept harpes anciennes différentes, nous présente un répertoire de l'époque médiévale et baroque. La musique provient de trois pays : l'Italie, la France et l'Espagne où la harpe a occupé une place importante dans la vie culturelle de ces sociétés et a connu une floraison d'une richesse et d'une beauté uniques.

Jordi Savall célèbre les 30 ans de la Capella Reial de Catalunya avec cette réédition dans la série Heritage de 3 recueils de chansons - ou Cancioneros - du Siècle d'Or espagnol publiés en 1991, 1992 et 1994. Ces transcriptions d'airs populaires réalisées entre 1451 et 1595 et rassemblées ici pour la première fois autorisent un accès inespéré à une tradition musicale magnifiquement ressuscitée par Jordi Savall. Le parcours des manuscrits eux-mêmes est riche d'enseignements : Le Cancionero de la Colombina tire son nom du fils de Christophe Colomb, Ferdinand, qui a acquis le manuscrit en 1534 pour lui faire intégrer les collections de la Biblioteca Colombina de Séville. Le Cancionero del Palacio tient son nom du Palais Royal de Madrid où il a été redécouvert en 1870 tandis que le Cancionero de Medinacelli fut conservé dans la bibliothèque ducale du même nom dès le XVIème siècle. A l'image du répertoire qu'il fait revivre, ce tour d'horizon unique chatoie des mille couleurs de la Renaissance espagnole.

Un an avant son opus summum, Orphée et Eurydice, Gluck renouvelle déjà largement un autre genre musical, le ballet, en adaptant en 1761 une pièce de Molière pour le public viennois : Don Juan. Un autre ballet, Sémiramis, suivra l'année suivante : ces deux oeuvres innovent en cela qu'elles proposent une narration cohérente où toutes les ressources de l'orchestre sont mises au service de l'expressivité. Jordi Savall et le Concert des Nations en restituent toutes les couleurs et nous rappellent qu'un quart de siècle avant celle de Mozart, une autre statue du commandeur a hanté les scènes d'Europe avec toute la puissance d'évocation dont est capable la musique. Son ultime apparition sera d'ailleurs reprise dans Oprhée pour devenir le fort célèbre "air des Furies".