l'exception notable du Marchand de Venise - qui suscite d'ailleurs toujours des polémiques -, le théâtre évite, depuis la seconde Guerre mondiale, de représenter un personnage juif et désigné comme tel, sur scène. Et lorsqu'il s'y hasarde, à l'instar du théâtre de la Bastille avec la mise en scène de la pièce de Fassbinder, Les ordures, la ville et la mort, en 2003, il provoque de violentes réactions. Il fut pourtant une époque où « la question juive » était l'un des sujets de prédilection de la scène française. Des pièces antisémites, certaines consciemment revendiquées, d'autres plus dangereuses, car se croyant de bonne foi sans parti pris, étaient jouées avec un très grand succès dans de nombreux théâtres parisiens. Les critiques se déchaînaient, consacraient de longs papiers, faisaient même la Une de leurs journaux : de La Libre Parole à L'Humanité en passant par Le Figaro, l'antisémitisme de ce répertoire dramatique était discuté, approuvé ou combattu pour ce qu'il était à l'époque : une opinion politique. Lorsque ces pièces étaient censurées, elles l'étaient pour trouble à l'ordre public (il est vrai que souvent les spectateurs en venaient aux mains !) et non parce qu'elles véhiculaient des idées condamnables. L'antisémitisme ne se cantonnait pas à ces pièces, heureusement aujourd'hui tombées dans l'oubli, il contamina l'ensemble de la vie théâtrale des années 1880 à la seconde Guerre mondiale. Car contrairement au mythe des « deux France » très vivace dans l'histoire théâtrale, l'antisémitisme a irrigué aussi bien le théâtre de boulevard « de droite » que le théâtre d'avant-garde « de gauche ». Et certains auteurs dramatiques juifs ajoutèrent leur voix au concert antisémite. Ce volume proposera une réflexion autour de quelques textes importants - inédits ou opportunément disparus après-guerre - et d'un cahier photos, sur cette mémoire « confisquée » du théâtre...

C'est un Alexandre Dumas jeune (20 ans), ambitieux et candide, entrant dans Paris à cheval, qui ouvre le récit. Prêt à conquérir la capitale et à découvrir cette ville aux mille promesses, il a pour tout arme sa jeunesse, sa rage de vivre, la force de ses rêves. Il laisse derrière lui une mère adorée et veuve vers laquelle il ne cessera de revenir et porte l'humiliation d'un père lâché par les armées napoléoniennes auxquelles il était toujours resté fidèle. Le fils n'aura de cesse de réparer cette blessure, ce qui explique peut-être sa soif de reconnaissance. Son arrivée à Paris ressemble à celle d'un Rastignac, mais sympathique qui, fort de son titre de "fils de général", fait le tour des protecteurs possibles à la recherche d'un travail. Engagé au sein du cabinet du duc d'Orléans, il y fait ses armes, travaillant plus que quiconque, ne cessant de s'instruire, avide de lectures et de culture. Très vite, il sait que c'est par l'écriture qu'il se fera un nom. Le théâtre et les grands comédiens de l'époque le fascinent. Il rêve d'un théâtre capable de véhiculer des idées nouvelles. Son premier essai est un coup de maître et, en 1829, "Henri III et sa cour" le propulse en une seule nuit au rang d'écrivain. Ce triomphe est le premier d'une longue série et bientôt suivront "Christine et Antony" qui feront d'Alexandre Dumas - quinze ans avant "Les Trois Mousquetaires" et "Le Comte de Monte-Cristo" - un auteur de théâtre majeur et une figure de proue du théâtre romantique. En l'espace de moins de dix ans, le jeune provincial émerveillé est devenu la coqueluche de Paris. De ces années de formation - allant de son installation à Paris en 1823 à son triomphe au théâtre - c'est à un récit enlevé et épique que nous convie Jean Lacouture.

Régine Robin-Maire (née Rivka Ajzersztejn), née à Paris en 1939, est une écrivaine, historienne, traductrice et sociologue franco-québécoise1. Elle est diplômée de la Sorbonne en géographie (1962) et en histoire (1963). es ouvrages de fiction de Régine Robin de même que ses ouvrages d'histoire et de sociologie portent principalement sur les thèmes de l'identité, de la culture, de la mémoire collective et de la judéïté. Son roman La Québécoite a connu un succès considérable et constitue aujourd'hui un incontournable dans l'analyse de phénomène de l'« écriture migrante » et des problèmes que posent cette posture nouvelle de l'écrivain québécois depuis les années 1970. Régine Robin est également l'une des pionnières de l'analyse du discours, discipline qu'elle a contribué à développer aux côtés notamment du linguiste althussérien Michel Pêcheux, de Denise Maldidier et de Jacques Guilhaumou. En confrontant histoire et linguistique (Histoire et linguistique) Régine Robin a élaboré une réflexion épistémologique se proposant de tenir compte à la fois des apports du marxisme et de l'approche « archéologique » de Michel Foucault. Cette approche a même eu des échos en Allemagne dans L'Histoire des concepts de Reinhart Koselleck. Elle a aussi contribué à l'analyse sociologique de la littérature, en collaboration notamment avec Marc Angenot.

Ce classique de la science historique fait le point des connaissances concernant la Révolution française. La présente édition contient un état détaillé de la recherche la plus récente, portant sur les domaines les plus divers.

Qu’on l’exalte ou qu’on la maudisse, la Révolution a été perçue, tout au long du XIXe siècle, comme une fracture irrémédiable, une charnière entre le passé et le futur… Cinq romans essentiels qui sont autant d’œuvres capitales semées au long d’un siècle de réflexions sur une Révolution haussée au rang de mythe qui obligea les «intellectuels» et les romanciers à se situer par rapport à elle. Ce volume contient : L’Émigré de Sénac de Meilhan ; Les Chouans de Balzac ; Le Chevalier des Touches de Barbey d’Aurevilly ; Sous la hache d’Élémir Bourges; Les Dieux ont soif d’Anatole France.