Lewis Carroll est surtout connu pour être l'auteur de ces deux chefs-d'œuvre universels que sont Alice au pays des merveilles et De l'autre côté du miroir. Mais on ignore le plus souvent qu'il fut aussi entièrement passionné par le monde et le langage des images. Carroll, en effet, dessina toute sa vie et photographia quotidiennement durant vingt trois ans. C'est à une approche circonstanciée de l'univers graphique et photographique de Lewis Carroll que s'est attelé Patrick Roegiers dans cet essai qui, outre le commentaire d'un grand nombre d'images reproduites dans l'ouvrage, apporte de précieux renseignements sur la vie, l'homme et l'œuvre.

Dans notre vision du XVIIIe siècle se mêlent des notions d'élégance et de désinvolture, d'esprit critique et d'impertinence, de raffinement et de libertinage, de subversion et d'utopie. Si cette image, plutôt littéraire, n'est pas fausse, elle reste sélective, car centrée sur une société de privilégiés, et ne considère pas l'époque dans sa globalité mouvante et bigarrée. A travers la correspondance, les journaux intimes, les mémoires, et autres textes écrits dans une perspective non romanesque, le présent ouvrage laisse délibérément la parole aux contemporains. Sur le mode du dictionnaire alphabétique sont déclinés des thèmes aussi divers que abattoirs, amour, anatomie, Bastille, élégance, femmes, galériens, hygiène, odeurs, pain, torture, zoophilie... Il se dégage de l'ensemble la conscience que les femmes et les hommes du XVIIIe siècle ont eue de leur environnement, de leur destin, de leur mode de vie et de leur singularité. Le tableau présente un paysage très vivant, et souvent inattendu, du quotidien de cette époque, et souligne les disparités autant que les analogies avec notre temps.

l'exception notable du Marchand de Venise - qui suscite d'ailleurs toujours des polémiques -, le théâtre évite, depuis la seconde Guerre mondiale, de représenter un personnage juif et désigné comme tel, sur scène. Et lorsqu'il s'y hasarde, à l'instar du théâtre de la Bastille avec la mise en scène de la pièce de Fassbinder, Les ordures, la ville et la mort, en 2003, il provoque de violentes réactions. Il fut pourtant une époque où « la question juive » était l'un des sujets de prédilection de la scène française. Des pièces antisémites, certaines consciemment revendiquées, d'autres plus dangereuses, car se croyant de bonne foi sans parti pris, étaient jouées avec un très grand succès dans de nombreux théâtres parisiens. Les critiques se déchaînaient, consacraient de longs papiers, faisaient même la Une de leurs journaux : de La Libre Parole à L'Humanité en passant par Le Figaro, l'antisémitisme de ce répertoire dramatique était discuté, approuvé ou combattu pour ce qu'il était à l'époque : une opinion politique. Lorsque ces pièces étaient censurées, elles l'étaient pour trouble à l'ordre public (il est vrai que souvent les spectateurs en venaient aux mains !) et non parce qu'elles véhiculaient des idées condamnables. L'antisémitisme ne se cantonnait pas à ces pièces, heureusement aujourd'hui tombées dans l'oubli, il contamina l'ensemble de la vie théâtrale des années 1880 à la seconde Guerre mondiale. Car contrairement au mythe des « deux France » très vivace dans l'histoire théâtrale, l'antisémitisme a irrigué aussi bien le théâtre de boulevard « de droite » que le théâtre d'avant-garde « de gauche ». Et certains auteurs dramatiques juifs ajoutèrent leur voix au concert antisémite. Ce volume proposera une réflexion autour de quelques textes importants - inédits ou opportunément disparus après-guerre - et d'un cahier photos, sur cette mémoire « confisquée » du théâtre...