À première vue, Friedrich Nietzsche et Cesare Pavese n'ont rien en commun. Et pourtant : tous deux sont orphelins de père, tous deux ont grandi dans un entourage exclusivement féminin, tous deux n'ont jamais su se faire aimer d'une femme, tous deux ont eu une vie brève, solitaire et émouvante. Et puis, tous deux ont été inspirés par Turin, et son atmosphère terriblement «psychique». De cette ville, qui fut un temps la capitale de l'Italie, Nietzsche n'a dit que l'abord exaltant, aristocratique et baroque, tandis que Pavese en a recraché toute la tristesse, avec ses quartiers industriels, ses usines qui noircissent le ciel, ses ouvriers exténués. C'est à Turin que Nietzsche perd la raison : il a quarante-quatre ans. Et c'est à Turin que Pavese se suicide dans une chambre d'hôtel : il a quarante-deux ans. Le philosophe allemand meurt le 25 août 1900, l'écrivain piémontais un demi-siècle plus tard, à un jour près, le 26 août 1950. En cherchant des rapprochements entre ces deux artistes, ces deux jusqu'au-boutistes de la mélancolie, l'auteur se glisse dans leur drame, dans les blessures inguérissables de leur enfance. Il fait revivre les événements tragiques qui les ont conduits l'un à la folie, l'autre au suicide. Ce livre, s'il respire la gravité, est d'abord une rêverie, une suite de détours et de coïncidences. Les murs de Turin y transpirent. Ils parlent. Il fallait bien près de trois cents dessins pour faire entendre ces voix.

Kalitine, chimiste soviétique, s'enfuit à l'Ouest au moment de l'effondrement du pays avec un poison fulgurant, létal et intraçable qu'il a fabriqué. Il l'a nommé le Débutant. Vingt ans plus tard, le lieutenant-colonel Cherchniov reçoit l'ordre d'empoisonner le traître avec son propre produit. Il se lance alors à sa poursuite. Prix Transfuge du meilleur roman étranger 2022. ©Electre 2022

En 1941, Piotr Nesterenko, directeur du crématorium de Moscou, est arrêté et subit une série d'interrogatoires. Il sait en effet ce qui arrive aux victimes des grandes purges staliniennes, et doit en plus répondre de sa vie tumultueuse. Un jeu de domination malsain s'installe entre lui et son commissaire-enquêteur. Prix Transfuge du meilleur roman européen 2024. ©Electre 2024

Un roman absurde et philosophico-picaresque dans lequel S. Basara imagine trois mois de la vie de Friedrich Nietzsche. Victime d'une cabale internationale ourdie par Wagner, Lou Salomé, Freud, Staline, Atatürk et autres Illuminati, il s'embarque en 1882 pour Chypre afin de leur échapper. Il y passe trois mois indescriptibles. ©Electre 2017

Publié à titre posthume, cet ouvrage est tout à la fois un journal intime et un roman expérimental dans lequel l'écrivain tente de retranscrire ses expériences transcendantales. Mais dès que celles-ci sont couchées sur papier, elles cessent d'être lumineuses. ©Electre 2021

Trois parties composent ce roman, qui sont autant de moments de l'existence du narrateur : son enfance dans la campagne de Samara dans les années 1980, son adolescence à la ville puis son retour au village. La vie quotidienne, entrecoupée de morts humaines ou animales, coule en une succession d'épisodes : les extravagances de l'oncle, le fantôme du père absent, une expédition chez les Tsiganes. ©Electre 2021

Bousculé lors d'un mouvement de foule, Francysk, un jeune homme de 16 ans, tombe dans le coma. Si la majorité de son entourage l'abandonne, sa grand-mère Elvira reste à son chevet, jusqu'à son réveil dix ans plus tard. Il constate alors que la situation en Biélorussie n'a pas évolué et se demande quelle est sa place au sein de ce pays figé. ©Electre 2022

Sur la route qui le mène à Venise, où il doit participer à un colloque sur l'absurdité post-carnavalesque, le poète anticonformiste Stanislav Perfetskyi rencontre des gens du voyage et vit une aventure sensuelle avec une femme chargée de l'espionner. Enfin parvenu dans la cité des Doges, il disparaît mystérieusement. Tout porte à croire que ce maître de l'illusion aurait organisé cette mascarade. Electre 2015

Nina, étudiante, est engagée comme interprète par une famille espagnole qui doit se rendre à Rogojine pour y adopter un enfant. Sur place, elle rencontre Xenia et devient sa collaboratrice. Avec la complicité de l'Etat et du personnel de l'orphelinat, Xenia et Nina vendent des enfants à des familles étrangères en dissimulant leur santé souvent déplorable. Récit fondé sur une histoire vraie.

Pendant une année l'écrivain I. van der Linde et la photographe N. Segers ont voyagé sur les ferries d'Istanbul, entre les deux rives du Bosphore. A travers ce récit, elles témoignent de leur rencontre avec la population locale.

Un tour du monde du pillage et de l'empoisonnement des ressources de la mer. De New York à Marseille, de Lisbonne à Shanghai, l'auteur pointe les rapports directs qui relient les choix alimentaires des citoyens et la dégradation de l'environnement. Il met en lumière les bases d'une attitude responsable pour chacun d'entre nous.

Dans une grande ville américaine, Farah, trentenaire à la recherche d'un sens à donner à sa vie, jalouse toujours un peu plus sa meilleure amie Joanne. Mais peu à peu les rêves dans lesquels elle se voit tuer l'un des élèves de son cours de yoga, contaminent les rêves d'autres personnes.

Trois récits composent ce roman sur la mort et la solitude qui l'accompagne. Sur une route de campagne, Ida, une femme de cinquante ans, frôle la mort. Elle repense à sa mère, Paraskevia, dite Parka, le jour de la mort de son mari, alors qu'elle le tire sous la neige où elle trace un message pour avertir les gens du village. Le troisième récit est lié à sa fille, Maya, et à son petit-fils Mike.

Sept nouvelles drolatiques, humaines et cruelles évoquent l'amour et les relations entre les hommes et les femmes.

Adolescent à Amsterdam pendant la Seconde Guerre mondiale, Joop avait multiplié les petits boulots pour assurer l'ordinaire de sa famille. Son oncle, sympathisant d'extrême droite, le poussa à dénoncer des Juifs, Anne Frank et les siens. Cinquante ans plus tard, il confesse sa trahison à son frère, jadis parti aux Etats-Unis puis revenu aux Pays-Bas.

Mémoires d'H. Masarik, haut fonctionnaire et diplomate tchèque couvrant toute la période de l'entre-deux-guerres, depuis l'effondrement de l'Empire austro-hongrois et la création de l'Etat tchécoslovaque, jusqu'à l'écrasement de la résistance tchèque par l'occupant nazi en 1941.

L'histoire de la Hongrie se caractérise par des victoires et défaites, des conquêtes et occupations. Malgré les nombreuses vicissitudes, les partages successifs, rien n'a réussi à entamer le particularisme hongrois.

Autobiographie du célèbre physicien et dissident soviétique, ami de Soljjenitsyne et de Sakharov, déchu de sa nationalité et expulsé en 1986. C'est sur un ton personnel, humoristique et incisif que Y. Orlov raconte une vie consacrée à la science et à la défense des droits de l'homme.

Fritz est un jeune Russe installé à Paris, rue des Thermopyles, dans un squat qu'il partage avec d'autres émigrés probablement clandestins. Cet univers en marge du monde est tenu par un certain Sergio. Ce récit initiatique décrit le regard de Fritz sur sa terre d'origine et dépeint la troublante humanité d'une société à la dérive.

Nila, parisienne d'origine hongroise part pour la Bosnie afin de participer au tournage d'un documentaire sur le siège de la ville. Elle partage le quotidien des civils. Soulevée d'émotions, elle se livre à une constante autoanalyse et note tout ce qu'elle voit, entend et ressent. Des fragments de textes (contes, dialogues, articles) insérés dans son récit traduisent son propre morcellement.

Zelary est un hameau dans le massif des Beskides en Moravie du Nord. Ce roman, composé de neuf récits, se passe dans les années 1920-1930. Les récits dans le récit se multiplient, avec les mêmes personnages. Zena compte ses sous. Joza est forgeron. Selda est un coureur de jupon. Lucka est une sorcière guérisseuse. Honza est le bouffon. Helenka suscite les miracles. Prix d'Etat pour la littérature.

Le protagoniste, ingénu et romantique, est l'un des fondateurs d'une communauté hippy qui se propose de gérer, en l'exploitant à des fins commerciales, la mémoire du camp de concentration de Terezin. Bien vite, les touristes occidentaux affluent. Suite au démantèlement du site autogéré, ils le déplaceront en Biélorussie, où un groupe d'opposants au régime prépare en secret un projet similaire.