Le dernier poilu est mort. Pourtant, montre Stéphane Audoin-Rouzeau, 14-18 survit. Comment expliquer le besoin de combattre ?

Pétrifié par son indifférence pendant le génocide des Tutsis rwandais, l'historien Stéphane Audoin-Rouzeau, éminent spécialiste de la Grande Guerre, s'est livré à une véritable introspection sur le rôle politique du chercheur.

Certains livres avancent masqués. La surprise qu'ils recèlent se laisse découvrir progressivement. Ainsi le lecteur qui ouvre "Quelle histoire" peut-il se croire, de prime abord, en pays familier. Le livre qu'il tient entre les mains se présente comme le récit de quelques vies bouleversées par la Grande Guerre. Pour qui connaît le travail de Stéphane Audoin-Rouzeau, spécialiste reconnu de la Première Guerre mondiale, dont toute l'oeuvre vise à "retrouver la guerre" et à comprendre au plus près l'expérience des combats, ce nouveau livre paraît s'inscrire dans une évidente continuité.

Dans ce récit de filiation, Stéphane Audoin-Rouzeau remonte sa propre généalogie jusqu'à la Grande Guerre, dont il est le spécialiste... et d'héritier.

L'historien Stéphane Audoin-Rouzeau a renouvelé l'approche de ce que fut la catastrophe inaugurale du XXe siècle : le dépassement d'un seuil de violence inouï, la difficulté pour les soldats à rendre compte de cette épreuve, le déclin de la transmission consécutif à cette guerre, selon Walter Benjamin. Pour l'année de la commémoration de la Grande Guerre, il choisit d'écrire ce qu'il nomme un ″récit de filiation″.

Stéphane Audoin-Rouzeau n'en finit pas d'explorer le monde du feu et des tranchées. Ce spécialiste de 14-18 s'éloigne de son champ d'études pour confronter les expériences du combat, des campagnes napoléoniennes à la guerre d'Irak.